L’arrivée de Bout d’Chou m’est tombée dessus comme un coup de 2 X 4.

C’est peut-être simplement parce que c’est un choc pour n’importe qui de passer d’un seul enfant à deux. Ou parce qu’avoir deux enfants de moins de deux ans, ça signifie avoir non pas un, mais deux bébés. Ou alors, c’est parce que Coco est un enfant parfait — calme, patient, raisonnable —, et que je n’étais vraiment pas prête pour un bébé aussi intense.

Peu importe la raison, le fait est là : j’ai trouvé ça tough.

Il y a eu d’abord le lot de petites difficultés propre à la vie avec un nouveau-né. Les tétées groupées. Les tétées de réconfort. Les siestes quotidiennes dans les bras, et surtout pas ailleurs. Tous des trucs pour lesquels j’étais prête, en fait. Ce que je n’avais pas prévu, c’est que tout ce temps consacré à Bout d’Chou me forcerait à délaisser un peu Coco.

Il y avait aussi le petit caractère de Bout d’Chou, illustré par sa mauvaise humeur presque constante durant ses cinq premières semaines de vie. Au point que, le premier matin où j’ai réussi à m’habiller et à me préparer à déjeuner sans qu’il proteste, j’ai été émue (bon, ça, c’était peut-être seulement lié à la baisse d’hormones qui suit l’accouchement, mais passons.)

Puis, cette impossibilité de le déposer sans qu’il pleure. L’utilisation intensive du porte-bébé, sans lequel je ne pouvais espérer accomplir quoi que ce soit dans ma journée, qu’il s’agisse de l’épicerie ou du bain de Coco. 

Ensuite, ça a été les crises systématiques au moment du dodo. Un besoin de stimulation qui grandissait au fil des mois et que je peinais à satisfaire. Le sentiment de culpabilité devant mon incapacité à m’occuper des deux enfants toute seule, quand mon chum n’était pas là. Je m’étais tellement réjouie à l’idée de garder Coco à la maison avec moi pendant mon congé de maternité, mais je n’y arrivais tout simplement pas.

En même temps, je n’avais plus de temps pour moi. J’aurais voulu faire du sport. J’aurais voulu écouter le dernier album de mon artiste préféré. J’aurais voulu qu’il me reste de l’énergie, une fois les enfants couchés, pour faire quelque chose qui m’intéressait, moi. Ou juste pour parler à mon chum, tenir une conversation autrement que les bras pleins d’enfants, ou par-dessus leurs cris.

Je suis retournée travailler, et Bout d’Chou a littéralement arrêté de dormir. Nous avons passé des heures, chaque nuit, à le bercer. À lui chanter des berceuses. À lui répéter que c’était l'heure de faire dodo. À le regarder nous fixer calmement de ses grands yeux, l’air aucunement fatigué. Quatre mois d’épuisement. De découragement. De frustration. Et à un moment donné pendant cette période-là, j’ai oublié que tout ça ne durerait pas éternellement.

Puis, c’est arrivé. C’était le jour du deuxième anniversaire de Bout d’Chou. Il faisait beau et nous avions soupé dehors avec les invités. Le repas fini, Bout d’Chou et Coco se sont levés et sont allés jouer dans la cour.

J’ai attendu quelques secondes l’inévitable « Mamaaaaaaaaan », celui qui retentirait quand ils auraient besoin d’aide, quand ils se chamailleraient ou simplement quand ils se rendraient compte qu’ils n’avaient pas mon attention tout entière. Et ce « Mamaaaaaaaaan » n’est pas venu. Mon chum et moi sommes restés à table, à discuter tranquillement avec les invités. Mine de rien, c’était la première fois depuis la naissance de Bout d’Chou que nous profitions d'une pause.

C’est là que ça m’a frappée : nous sommes passés au travers. Les deux dernières années ont été intenses, souvent difficiles, mais elles sont derrière nous.

Il nous aura fallu deux ans, mais nous commençons à reprendre le dessus.