Une amie maman m’a mentionné avoir été témoin d’un jeu plutôt particulier entre des jeunes filles de deux cours d’écoles primaires différentes de son quartier.
 
Elle passait près d’une école et a remarqué que certains groupes de filles jouaient à se donner des claques dans le visage et en arrière de la tête entre elles. Elle a jeté un coup d’œil aux éducatrices du service de garde non loin et a été surprise de constater que les surveillantes présentes n’intervenaient pas auprès des jeunes.
 
Cette maman me partageait son inquiétude avec désarrois : « Comment se fait-il que la violence est banalisée à ce point? Ce jeu envoie un message troublant à nos enfants : c’est normal à leurs yeux de se faire frapper par leurs amies puisque ce n’est qu’une blague selon elles. »
 
Elle a questionné une fille d’une autre école primaire pour apprendre que ce phénomène était aussi « à la mode » dans sa cour de récréation. La petite se faisait donner des baffes et des coups par ses amies sous prétexte que c’était rigolo. En apprenant la situation, ses parents ont questionné la direction qui n’a pas donné suite à leur demande pour enrayer cette dynamique malsaine entre les jeunes filles du primaire.
 
Est-ce si anodin comme comportement? Cela ne paverait-il pas la voie à la culture de l’intimidation qui gangrène nos écoles?
 
Le documentaire et le livre #Bitch de Jasmin Roy ont révélé combien cette culture peut être toxique pour les élèves, particulièrement les adolescentes. Le documentaire complet est encore disponible dans la section vidéo sur demande des abonné.e.s de la chaîne Moi&Cie jusqu’en avril 2018.
 
Dans le livre, des jeunes filles témoignent que, dès 8 ans, elles sont victimes d’injures et de violence physique de la part de leurs amies. Les étudiantes essaient de minimiser ces pratiques d’intimidation puisque ce serait le « prix à payer » pour appartenir à un groupe et entretenir des amitiés.

Et ça me choque. Nous socialisons nos filles à prioriser les besoins des autres et obtenir leur approbation, à subir, à être gentilles et polies. Au lieu de dénoncer ces abus de pouvoir et rechercher le respect de soi en priorité, nous leur apprenons subtilement à se questionner sur ce qu’elles ont fait pour provoquer le comportement des autres, être exclues, ressentir de l’humiliation et de la honte.
 
Les impacts de ces pratiques d’intimidation sur leur estime d’elles-mêmes et leurs relations avec les autres perdurent à long terme.
 
Des campagnes gouvernementales de sensibilisation sont lancées pour enrayer et réagir à l’intimidation, dont une percutante vidéo développée par l’agence Cartier.

Plus encore, il va falloir collectivement prendre acte de notre responsabilité dans la banalisation de gestes quotidiens qui en viennent à constituer de la violence ordinaire. Qu’enfin, nous ne fermions pas les yeux devant ces jeux d’enfants qui ne sont finalement pas si anodins.