Ça, c’est la phrase que j’ai dite à mon chum cette semaine. Et je la ressentais au plus profond de mes tripes. J’étais frustrée. Vraiment. Pas d’la colère. Pas un sentiment groundé d’adulte mature qui en a assez que son besoin ne soit pas comblé et qui souhaite passer à l’action. Nenon. Une belle frustration de deuzans qui a envie de faire le bacon parce qu’il peut pas avoir le paquet de gomme aux fraises au dépanneur… La crise de bacon en moins.

J’étais frustrée, parce que toutes les connaissances que j’ai du développement de l’enfant, des théories de l’attachement, de la vie de couple et de la façon de garder la flamme allumée même en ayant pu de vie ne m’aidaient pas ; c’était insuffisant pour m’apaiser.

Je réalisais que je m’ennuyais de mon chum, et c’était un peu une surprise pour moi. Je suis une femme forte, indépendante et autonome qui a tendance à être plus loin que proche des autres. Les dernières années n’ont pas toujours été roses et nous avons eu notre lot de conflits conjugaux. Nous avons été des parents fonctionnels dont l'un des sujets de conversation principaux était de voir comment on pourrait être des meilleurs parents pour optimiser nos interventions. On a passé du temps de couple, mais pas tant non plus. On le faisait, parce que c’est important. Mais de le faire parce que ça partait vraiment d’un désir habité? Pas si souvent.

Pis cette semaine, je me suis souvenue pourquoi. Parce que des enfants qui voient que vous avez un peu trop de fun avec votre chum-votre blonde, ben c’est juste impossible qu’ils vous laissent cet espace-là. Impossible. Im-po-ssi-ble. Juste. Fucking. Impossible.

Ce week-end, ils voulaient un film. On le met. Ils chillent. Pis on se dit : « Aille, on joues-tu au jeu qu’on jouait en vacances? » Ouais! Bonne idée! Ben ça a duré même pas six minutes. On a eu une limace, puis une autre, qui se sont agglutinées dans notre deux mètres carré.

T'sais, c’est cool ,des moments de famille. J’ai rien contre ça. Au contraire! J’adore ces moments de complicité. Mais c’est pas ça le point. Le point, c’est que j’ai envie d’avoir des moments de fun avec mon chum. Et que si mes enfants voient qu’on a du fun sans eux : BANG! Ils crashent dans notre espace. Même s’ils étaient devant le film qu’ils voulaient voir. « Profitez des moments du quotidien et des tâches pour être ensemble. » Hahahahahahahaha! Tu pensais avoir une solution miracle hein? Ben non! Parce que si on a l’air d’avoir un peu trop de fun en faisant la vaisselle, ils retontissent AUSSI!

Les moments où les enfants restent tranquillement devant leur film, c’est si on a l’air de se faire chier. Fait que si on a une vie de couple de marde, ben on se fait pas déranger.

J’étais frustrée, car je réalisais qu’on ne se sortirait pas de cette frustration. Si j’accepte que notre moment de couple devienne un moment de famille, je vis de la frustration. Si on décide qu’on protège ce moment en disant aux enfants que c’est notre moment « jusqu’à ce que l’aiguille soit sur le 6 », ben c’est leur frustration qu’on subit. Il n’y a juste pas de situations win-win où la frustration est exclue du processus.

J’étais donc frustrée, parce que je désirais passer du temps avec mon chum. Pis j’ai réalisé que c’était pas mal plus simple à gérer si j’avais juste pas cette envie. Si je le voyais juste comme un papa. Parce que si je le vois juste comme un papa, ben on peut passer du temps de famille à l’infini. Mais non. Passer du temps de famille collés ne comble pas le désir de se retrouver dans cette complicité de couple. Ces deux situations comblent des désirs différents et elles ne sont pas mutuellement interchangeables. On va toujours devoir gérer le déséquilibre de la cohabitation de ces deux réalités-là. On aura beau faire tout notre possible, lire tous les livres et assister à toutes les conférences ; cette réalité-là ne va pas changer.

Fait que est-ce que je suis à la recherche de solutions? Non. Je les connais les solutions. Le défi, c’est qu’il y a 1 000 situations à gérer dans le quotidien. Fait que tôt ou tard, ben je vais en vivre de la frustration. Parce que c’est de même.

Ma solution aujourd’hui, c’est de prendre ma frustration pis d’écrire un texte pour essayer de mettre un peu d’humour là-dedans. Parce qu’on peut en parler, le crier, le grincer, le danser, le chanter, le yodeler : ça fait sortir le trop de pression. Mais la situation, elle, elle changera pas ben ben. Merci de votre écoute ; je suis bonne pour un autre p’tit bout!