Comme je l’ai raconté il y a quelques semaines, j’ai quitté pour Cuba en janvier et, à la blancheur de mes nuits, je réalisais que j’avais plusieurs craintes, dont celle de mourir. En prendre conscience m’a permis de mieux gérer la situation, mais il persistait un petit quelque chose. Un non-dit qui m’irritait, qui m’agaçait, qui m’occupait l’esprit et qui rendait mes nuits tout aussi courtes.

Quelques jours avant de partir, j’ai compris. Je n’étais pas inquiète de laisser mon fils avec quelqu’un d’autre. J’étais inquiète parce que je ne serais pas là. J’ai réalisé à ce moment, avec prétention, que je me jugeais indispensable. Je me crois la seule à penser à tout ce qu’il lui faut. Que durant cette semaine où je serais au chaud, son père oublierait peut-être de lui mettre ses pantoufles, de curer ses oreilles ou de mettre un cache-couche sous son pyjama pour que la nuit ne soit pas trop froide.

Malgré le fait que je vois ses préférences ou que j’ai créé ces habitudes, je pense honnêtement que mon fils n’en voit pas la différence. Du moins, pas au point de chambouler son quotidien. Je souhaitais davantage que chaque jour où je serais partie, il aurait mangé, bu et qu’il aurait été changé. Pour ce qui est du reste, ce ne sont que des futilités. De petites gestes qui me permettent de créer une routine et d’apprendre à la connaître. Sans plus.

Aussi, il faut savoir que mon amoureux a ses techniques et une gestion des priorités bien à lui. Ce n’est pas parce qu’elles divergent des miennes qu’elles ne sont pas aussi efficaces ou appréciées par notre fils. Il a sa couleur, ses manières de faire et plusieurs qualités que je n’ai pas. Et c’est là d’ailleurs toute la force de notre équipe.

J’ai quitté ce dimanche-là le cœur lourd, sans même verser une larme. Je savais bien au fond qu’il était entre bonnes mains. Puis, j'ai eu la chance de recevoir des photos et des vidéos où il avait reçu, à l’évidence, bien plus que le nécessaire. Non seulement il avait bien mangé et était propre, mais papa s’est occupé aussi de le bécoter, de le faire rire, de le chatouiller et j’ai compris qu’à ses yeux, c’était aussi un besoin nécessaire.