Je n’avais pas tant d’attentes, mais je pensais que le mouvement #MeToo, ainsi que #EtMaintenant, allaient faire bouger les choses. Qu’à tout le moins, il y aurait une petite retenue dans les milieux de travail avant d’accuser une femme « d'inventer des histoires » et de lui dire de « laisser ça aller ».

Il faut croire que non.

Il y a près d’un mois, ma mère s’est fait harceler verbalement. Ce n’était pas la première fois, mais la fois de trop. Ça s’est passé dans un événement. Ma mère est allée s’asseoir par après, rapportant, sous le choc, les mots dégradants et dégoûtants qu’on venait de lui dire - et même de lui répéter. 

Elle a donc entrepris des démarches pour dénoncer ce geste. Non pas par haine, mais parce que c’en était assez, et que les commentaires qu’elle a reçus en discutant de la situation lui ont bien fait comprendre qu’elle était loin d’être la seule victime.

Entre temps, l’organisation pour laquelle ma mère travaille a accueilli un nouveau patron. 

Quand elle lui a raconté l’histoire, ce patron, ce nouveau dans l’organisation, ne l’a pas soutenue. Il lui a plutôt demandé si elle avait bien entendu. Parce que l'harceleur lui a dit que ce n’était pas arrivé. Et t’sais, c’est un ami, il ne lui aurait pas menti. 

J’ai vu ces paroles-là faire à ma mère le même effet que le harcèlement, ou sinon un effet encore plus violent. C’est le mâle blanc qui vient de cracher au visage de ma mère. Qui sans la connaître, lui sape sa réputation et lui intime de se taire, pour ne pas offenser l’autre, l'ami aussi mâle blanc. 

Ma mère sait qu’elle s’est mise dans une situation délicate avec son patron, qu’elle pourrait juste perdre son emploi sous couvert d’une autre raison. Tout ça parce qu’elle a osé dénoncer un harcèlement inacceptable. 

Maman, je te crois, je t’aime, tu es une guerrière. Tu as tout mon amour et mon soutien.

Et à tous les harceleurs, et à tous les patrons qui se voilent la face : il serait temps de se réveiller. À tous les hommes, comme Michelle Obama le dit, il faut vous battre pour l’égalité des femmes : « Il y a beaucoup d’hommes qui ont le pouvoir entre les mains, qui décide qui est embauché, qui reçoit une promotion. 
Ce pouvoir est-il accompagné du désir 
de changer les choses? Il y a un nombre limité de sièges à la table. Les hommes sont-ils prêts à ajouter plus de sièges ou 
à en céder certains? Si on veut changer quelque chose, il faut être capable de partager le pouvoir. »

Et ce, maintenant.