Il faut dire que c’est principalement moi qui fais les taches du dodo. Si mon chum donne les bains et brosse les dents, c’est à moi que revient la partie que je préfère : raconter ma journée, une histoire si ça se passe bien, donner plein de becs et resservir du lait.
 
J’aime vraiment cette partie, ça me fait plaisir de prendre du temps dans le lit de ma grande, de lui trouver ses toutous du moment, trouver sa doudou qui s’est sûrement écartée entre son lit et le mien, où elle vient me rejoindre le matin. Prendre son bébé dans son lit de fortune et dire avec un enthousiasme même pas contrôlé ce que j’ai fait d’intéressant, ou pas.
 
« J’ai reçu du bacon. »
 
« Je suis allée dans un événement dans un studio de photo et il y avait tellement de beaux vêtements et de la lumière. »
 
« J’ai passé deux heures dans le trafic. »
 
Etc.
 
Même si des fois ça me fatigue et que j’aimerais faire toutes les activités qu’on me propose dans le cadre de mon travail, je sais que ce moment avec mes enfants, c’est le mien. Marcel ne parle pas encore beaucoup, mais il écoute. Dolores n’écoute pas beaucoup, mais elle parle. Mon doux qu’elle parle. Et elle apprend, elle répète, elle pète, même, et on rit.
 
Quand j’ai un truc et que je reviens plus tard que l’heure du souper et trop tôt pour que les enfants dorment, je me retrouve le cul entre deux chaises à essayer de faire la routine, celle de mes enfants et la mienne. Ça me fait toujours quelque chose de voir dans les yeux de mon fils qu’il se rappelle que j’existe. À ce moment, c’est toujours la même chose, je suis tiraillé entre le fun que j’ai eu et le fun que j’ai manqué. Je me demande toujours ce que j’ai manqué, en fait. Entre un petit doigt qui se coince quelque part et une soirée intense d’enfants qui pleurent, j’ai toujours l’impression de manquer des petits et des grands moments. En même temps, est-ce que je suis contente d’avoir des soirées, de faire le travail que j’aime? Vraiment! C’est quand même tough de devoir dealer avec tout ce que je fais et ce que je voudrais faire.
 
J’avais juste envie de laisser une marque pour dire que ça me fait de quoi aussi de ne pas les voir tout le temps et de pas passer tout mon temps avec eux. Que je suis fière de voir grandir mes enfants. Et je ne commencerai même pas à parler de comment je pense à mes enfants quand je suis partie. Parce que je les aime, mais j’ai aussi besoin d’avoir du temps pour moi, de voir mes amies et de travailler.

Je suis juste fatiguée de devoir tout performer. Je pense.