Lundi dernier, j’ai accompagné mon aînée dans le trajet d’autobus intermunicipal qu’elle fera presque quotidiennement l’an prochain. Elle s’apprête à remplir sa demande de Cégep et pense choisir celui de la ville voisine, ce qui implique un aller-retour de deux heures chaque jour de classe. Pourtant, il y a un Cégep dans notre patelin, qui a bonne réputation de surcroît. Et il est à 7 minutes en bus de la maison… Mais bon, elle a envie de changer d’environnement, de connaître du nouveau monde, de sortir de son petit cocon. Je ne la blâmerai pas pour ça! Mais mon cœur en marshmallow de mère-poule préférerait qu’elle reste dans les environs.
 
On met des enfants au monde pour les voir partir éventuellement. Les préparer le mieux possible à se débrouiller seul, c’est notre mission ultime de parents. On le sait tous dans notre inconscient. On se rappelle aussi ce désir d’autonomie qui nous taraudait à l’adolescence, on le comprend et on l’encourage bien souvent. Mais d’apprendre à couper le cordon de plus en plus profondément, ça demande d’accepter qu’une certaine distance s’installe avec notre progéniture et ça, ça brasse des émotions. Ça nous rend nostalgiques du temps où on les avait toujours dans les bras, ces fillettes à toupet qui nous regardaient comme si on était la huitième merveille du monde! 

C’est normal d’avoir ces pincements au cœur, ces plis au front quand on songe à ce qui les attend demain. J’essaie par contre de ne pas me « complaire » là-dedans. De ne pas tomber dans une vision qui idéalise le passé, car mes filles ont l’âge qu’elles ont aujourd’hui et elles ont encore besoin de moi maintenant, mais différemment. Et pour rien au monde, je ne veux louper cette étape de leur développement en soupirant qu’elles grandissent trop vite. Elles grandissent au même rythme que nous vieillissons leur père et moi, c’est le cycle de la vie! Ni plus vite, ni moins vite. Elles changent, évoluent, prennent de la maturité, de l’assurance, elles sont belles à regarder aller et c’est un bonheur de les accompagner sur le chemin de la vie, même d’un peu plus loin.
 
L’important, c’est qu’elles sachent que peu importe la distance, nous serons toujours là, à une heure de trajet d’autobus ou pas.