J’ai lu un texte d'une collègue dernièrement qui m’a ramenée des années en arrière, avant la maternité. Elle y parlait entre autres des filles un peu mère Teresa dans l’âme, qui succombent pour des badass. J’ai été cette fille, et avec le recul, je peux affirmer haut et fort que cette relation toxique ne m’a rien amené de bon, RIEN.
 
Pourquoi j’ai flanché pour ce toxicomane manipulateur et narcissique? J’ai pourtant une solide tête sur les épaules, une bonne estime de moi, du caractère, je parle fort et me tiens debout! Pourquoi moi, je me suis fait séduire par le chant d’une sirène cokée qui m’inventait des histoires de frigidaire vide pour m’emprunter de l’argent? Au moins, je n’ai pas été assez naïve pour lui donner, il finissait par me rembourser. Je lui ai quand même acheté des vêtements, des souliers, parce qu’il n’avait pas une cenne, même s’il travaillait plus que moi. Il savait y faire, cet être vil. Il m’écoutait comme pas un, me faisait sentir importante, ne s’opposait pas à mes délires de fuite, les encourageait même : tout sacrer là pour partir avec lui, loin… Dieu que j’ai été aveugle pour ne pas avoir vu clair dans son jeu! Il avait besoin d’une béquille dévouée pour s’appuyer dessus, le temps qu’il se refasse des forces pour se reprendre en mains. J’ai joué ce rôle, moi, l’empathique à qui tout le monde se confiait.
 
Il a fini par entrer en désintox et là, j’ai eu peur. Parce que durant tout ce temps, je n’avais pas réalisé à quel point il était dépendant et irresponsable. Je ne voyais que le gars un brin rebelle et tourmenté, mais très cool et amical, du genre à se faire aimer par tous. J’y ai cru, à cette image. Au point de tomber en bas de ma chaise quand il a fini par m’avouer l’ampleur de sa consommation. Et là, j’ai compris tous les mensonges, les stratagèmes, les manipulations. J’ai eu peur de ce qui m’attendait lorsqu’il sortirait, car il comptait sur moi pour l’aider à se relever. Et j’ai fui à l’autre bout du monde, mais sans lui. Et ce fut la meilleure décision de ma vie.
 
Je l’ai revu des années plus tard. Toujours la même attitude de séducteur sympathique, de prime abord. C’est quand je l’ai entendu parler de sa blonde qu’il dénigrait allègrement, allant jusqu’à m’avouer qu’il la trompait régulièrement, que j’ai compris qu’il n’avait pas changé d’un iota. J’ai essayé de lui faire prendre conscience à quel point il agissait en salaud, il a rétorqué qu’il ne faisait rien de mal puisque ces écarts de conduite faisaient partie de lui, il suivait même une thérapie pour s’assumer. Arke. Et Thank God! d’avoir eu le plus merveilleux réflexe de survie en me poussant loin de cet égoïste qui utilisent les autres comme bon lui semble.
 
Des âmes de mère Teresa, j’en connais plein. Et j’ai envie de leur dire : votre amour inconditionnel, votre générosité sans borne, votre engagement infini, accordez-vous-les à vous! Laissez les professionnels s’occuper des badass, ils savent se protéger des manipulateurs, eux.