Récemment, la bande-annonce du film Tully a défilé dans mon fil d’actualités. Ça tombait à point. En la regardant, j’ai senti les larmes me monter aux yeux. Puis, j’ai lu les commentaires. En gros, on y critiquait le fait que la protagoniste est chanceuse de pouvoir engager quelqu’un pour l’aider et qu’on devrait arrêter de mettre l’accent sur les côtés négatifs de la maternité.

Ce commentaire-là revient souvent. L’idée que si nous avons voulu des enfants, nous n’avons qu’à l’assumer sans s’en plaindre. Ce n’est pas entièrement faux. Je trouve qu’on axe parfois un peu trop sur les moments plus difficiles de la parentalité. Après tout, les principales phases de la petite enfance sont désignées par des termes assez péjoratifs : terrible two, threenager, fucking four. Et il y a certes pire que ce qu’une mère comblée comme moi peut vivre. Je pense entre autres aux monoparentaux ou à ceux et celles dont l’enfant est lourdement handicapé.

Reste que de reconnaître qu’il y a des aspects plus difficiles sans constamment s’en plaindre, c’est sain. Dernièrement, une montagne russe d’émotions a pris d’assaut mon corps qui a expulsé deux magnifiques filles en un peu moins de deux ans. Autant j’adore mon nouveau rôle que j’ai choisi de jouer à temps plein, autant, le soir, il m’arrive de pleurer pour rien dans la douche et de me recroqueviller sur moi-même dans l’espoir de m’endormir, enfin.

Puis, c’est en prenant une pause de ce tourbillon qui allait m’avaler tout rond que j’ai compris que mon bonheur passe aussi par un certain équilibre entre ma vie de maman, ma vie de couple et ma vie personnelle. Que je dois accepter que je ne vais pas toujours bien et que j’ai le droit de ne pas le cacher. Qu’il est possible que je me sente vide par moments même si j’ai la chance d’avoir ce que plusieurs désirent.

Je me suis donc accordé une journée complète où j’ai fait tout ce que j’ai délaissé depuis trop longtemps. Rien de grandiose. Lire, écrire, aller au théâtre, au cinéma, manger lentement, aller à la toilette seule et me perdre dans mes pensées. J’ai osé laisser mes filles de 6 mois et de 2 ans à mon copain qui ne demandait que ça. J’ai profité de cette chance pour retrouver mon équilibre et ma bulle l’espace d’un instant. Dans quelques mois, nous allons même partir une fin de semaine complète juste lui et moi. Tranquillement, je réalise à quel point tout ça m’aide à être une meilleure mère.

Alors, pour moi, l’idée derrière un film comme Tully, ce n’est pas de montrer que les côtés négatifs de la maternité ou d’être capable de payer une personne pour nous aider à nous en sortir. Il s’agit simplement de briser l’isolement que l’on peut ressentir quand il nous arrive d’être vide en dedans et de trouver le moyen d’insuffler un peu de légèreté à notre tête, peu importe lequel.

Parce que, pour reprendre les mots des Colocs, la maternité, c’est beau, mais c’est long des p’tits bouts.