Dans la recherche d’une garderie, on s’entend, je ne cherche pas une place où parker laisser mon enfant pour que je puisse travailler. Je veux pour elle un milieu éducatif, un endroit qui corresponde à mes valeurs et surtout, quelqu’un en qui j'ai confiance. Contre toute attente, j’ai trouvé tout ça en Anne.
 
J’ai arrêté de faire du déni à deux mois de la fin de mon congé de maternité. J’aurais beau avoir attendu et espéré, l’appel du CPE n’arriverait pas et je devais trouver une solution parce que bon, il fallait bien que je retourne au bureau un jour. J’avais de drôles de critères dans ma recherche en milieu familial. Principalement, je ne faisais pas confiance aux annonces qui contenaient des fautes d’orthographe. Si vous ne savez pas écrire le nom de votre rue sans faire de faute, ça ne peut pas marcher entre vous et moi et je ne vous confierai pas ma fille si vous n’accordez pas plus d’attention à comment vous vous présentez (et j’ajoute qu’un accord de participe passé oublié me fait douter de l’importance que vous accordez à l’école...). J’en ai aussi contre certains noms de garderies, dont plusieurs ne m’inspirent pas vraiment confiance... Mais bon, chacun ses critères, comme on dit!

Bref, j’ai fini par voir l’annonce de Anne sur un bazar de parents : 5 lignes, bien articulées, et même les participes passés étaient accordés. Wow! On s’est rencontrées et ma foi, j’ai eu confiance! Et on a commencé l’intégration de Bébé-Poussin. Magie, la première fois que je l’ai laissée là 2 h, je l’ai retrouvée endormie dans les bras d’une des deux éducatrices. J’avais trouvé ma perle, alors que rien ne me destinait à aller en milieu familial au départ. En quelques semaines, Anne et moi, nous sommes aussi devenues un peu copines. Nous avons eu de belles et franches discussions sur l’éducation des enfants. Elle m’a éclairée, conseillée et souvent appris. On partage des valeurs communes, et j’ai franchement l’impression qu’elle s'implique dans l’éducation de ma fille et que grâce à elle, elle saura être une meilleure petite humaine.
 
Mais, il y a un gros « mais » dans cette histoire. Anne nous a annoncé il y a quelques jours qu’elle devrait mettre fin à ses services pour notre famille. Pour des questions financières, elle doit couper des places. Nous sommes les derniers arrivés dans son service de garde et c’est donc nous qui passons au couperet! Et je ne peux pas la blâmer, car je sais que la décision n’a pas été facile à prendre.
 
En janvier, au Québec, le tarif de garde de base dans les milieux subventionnés a été augmenté de 7,75 à 8,05 $ par jour. Ce qui signifie 1,50 $ de moins dans mes poches chaque semaine, mais 0 sou de plus dans celles de ma RSG (responsable de service de garde). En soi, déjà, la situation est choquante. Les RSG subissent les mêmes pressions financières que toutes les familles : augmentation des loyers, augmentation des tarifs et augmentation du prix du panier d’épicerie.
 
Puis s’est ajoutée dans le cas de mon service de garde l’augmentation du salaire minimum à venir en mai (hausse qui est légitime et que je ne remets ABSOLUMENT pas en question ici!). Anne engage une assistante, ça lui permet d’avoir 9 enfants dans son service de garde et d’inclure une autre personne dans la vie de nos enfants et d’autres façons de faire aussi. Probable que ça soit aussi plus agréable d’être deux adultes pour gérer autant d’enfants. Bref, c’était un plus pour tout le monde! Or, avec la hausse du salaire minimum en mai et tout le reste, le manque à combler est juste trop grand pour Anne et elle doit couper le poste de son assistante et, du même coup, des places, dont celle de ma fille.
 
Pour couronner le tout, depuis qu’elle a pris sa décision, le système lui a ajouté des nouveaux frais. Elle doit maintenant obligatoirement s’inscrire sur Ma place 0-5 au coût de 11 $ par année, par place.
 
Théoriquement, chaque hausse n’est pas grand-chose, mais pour une famille monoparentale avec deux grands ados, je comprends que ça commence à faire beaucoup de hausses dans la même année, sans que le salaire, régi par une convention collective, ne soit ajusté en conséquence.
 
Bref, je suis hyper solidaire, mais je me retrouve un peu le bec à l’eau, avec un poupon, dans un système bien mal aimé par les politiques gouvernementales. Et je me dis qu’il faudrait peut-être commencer à avoir un peu plus de considération pour tous ces gens, surtout des femmes, d’ailleurs, qui ont l’importante tâche de s’occuper de nos bébés et nos enfants et de les préparer à l’école et à la vie.