Hier soir, mon chum est rentré du travail en autobus avec quelques minutes de retard. Il y avait un détour, la grande côte que nous empruntons minimum deux fois par jour était bloquée. La police était partout dans l’avenue de Gaulle. Un enfant manquait à l’appel. Un enfant disparu dans notre quartier tellement tranquille, ça sonnait faux.
 
Puis, j’ai ouvert la télé et les nouvelles ont afflué. Des images en boucle du parc à deux minutes de la maison. Notre parc où nous allons tous les jours. La poussette abandonnée de la petite fille était dans notre parc à nous… Nous avons soupé en famille en espérant que la petite Rosalie serait retrouvée saine et sauve le plus rapidement possible.

Alors que nous faisions la vaisselle, la nouvelle est tombée : un petit corps sans vie retrouvé sur l'avenue de Gaulle, à deux minutes de chez nous…

J’ai repensé à ma journée avec les enfants, alors que j’étais dans l’auto avec eux au retour de notre activité du matin, je passais devant la maison où le corps de Rosalie gisait sans doute déjà dans une poubelle. Dans une poubelle, tabarnac. Une enfant morte dans les vidanges de notre quartier…

J’étais sur le cul, complètement bouleversée. Parce que tout ça est beaucoup trop proche de nous, que maintenant notre quartier est marqué par cet événement tragique qu’est la mort de cette enfant.
Hier soir, je ne faisais que penser à ce petit corps tout refroidi toute seule à la morgue. Pour l’instant, je n’arrive pas à penser à cette mère, à sa souffrance indescriptible et à sa détresse. Mon cerveau n’y arrive tout simplement pas.

Tantôt, je suis repassée près des lieux, il y avait encore des journalistes, des autos de police, ça n’a pas de sens…

Je sais que je ne vais jamais vouloir oublier la petite Rosalie Gagnon et son destin tragique, mais dans un autre sens je ne veux pas que notre parc et la rue de Gaulle se réduisent à une scène de crime. Notre famille a choisi ce quartier pour sa tranquillité, ses rues paisibles, nous pensions que c’était l’endroit parfait pour élever nos enfants. J’aurais aimé continuer à croire que tous les enfants du quartier profitaient également de notre environnement calme et sécuritaire. J’aurais souhaité que Rosalie grandisse elle aussi dans ce quartier que j’ai choisi pour voir mûrir mes enfants…
 
Pour Rosalie notre quartier aura été celui de sa mort, j’aurais tant voulu autre chose pour elle…