Je sors une tourtière du congélateur. Elle est achetée et suremballée. Deux raisons pour me sentir coupable : servir des OGM à mes enfants pis polluer la planète.

J’allume le four et j’attends que mon angoisse passe en me servant en verre de vin blanc. Mon chum prépare des carottes et une salade. Son ajout santé à mon triste menu de semaine réussit à me détendre l’épaule droite (elle est toujours plus haute que la gauche).

35 minutes plus tard, on s’assoit pour manger. Du haut de ses 3 ans, mon fils beugle qu’il déteste les carottes en repoussant son assiette avec dédain. Le p’tit maudit. Il mange de la tourtière deux fois plutôt qu’une (of course), mais on se bat avec lui tout au long du repas pour qu’il daigne se foutre un peu d’orange du potager dans le système. On sort le ketchup. Ça passe mieux. #Enfin

Ma philosophe de fille (qui a fièrement ingurgité tous ses légumes en premier) recommande au
frangin : « Garde le meilleur pour la fin. » Fière de sa réflexion, elle termine son assiette le sourire aux lèvres, alors que mon fils continue de rechigner n’arrivant pas à mettre assez de ketchup sur sa carotte pour en camoufler le goût.
 
Ma fille a-t-elle raison? 
 
C’est vrai que les desserts sont à la fin. Les fins de semaine aussi. Si on me laisse le choix, je prends toujours la mauvaise nouvelle avant la bonne. Même au gym, je commence par souffrir pour me régaler ensuite. Au bureau, j’abats les tâches de marde avant de profiter de mes dossiers préférés… Et qu’en est-il du sort réservé aux aînés dans les CHSLD? Je sens mon épaule droite se crisper à nouveau. Je réalise qu’au fond, ce n’est peut-être pas le meilleur qui m’attend… Peut-être même le pire.
 
« Relaxe Mauffette. Sors de ta tête. »
 
Je remets une tonne de ketchup dans l’assiette de mon fils et j’accepte que ma fille se tape un deuxième dessert. Je prie secrètement le Dieu Chépaki pour qu’à travers mon éducation parfois mucho bancale, mes enfants apprennent à profiter du meilleur de la vie en tout temps.

« Chéri, pendant que t’es debout, me servirais-tu un deuxième verre de vin? » #PuCoupablePantoute