Tous les parents vous le diront : concilier travail et famille, c’est difficile en ti-père. C’est d’ailleurs pourquoi on aime  nos services éducatifs à la petite enfance (CPE et milieux familiaux), ils permettent aux parents du Québec d’aller travailler l’esprit tranquille, en sachant que leurs enfants sont dans des milieux sécuritaires et stimulants.

Sauf que ce n’est pas le cas pour tous les parents. Voyez-vous, on apprenait ce matin que les demandeurs d’asile à qui on a donné un permis de travail ne peuvent plus envoyer leurs enfants en CPE. Les familles qui travaillent plutôt que de se retrouver bénéficiaires de l’aide sociale (et donc sacrément précaire!) ne peuvent donc plus le faire.

En fait, si elles font le choix de travailler (la plupart du temps au salaire minimum), elles doivent faire garder les enfants par une voisine ou un voisin ou payer très cher le service de garde privé (à 35$ par jour, pour les moins chers, ça fait 175$ par semaine. À quarante heures semaine au salaire minimum, ça fait 480$ par semaine (ou 448$ après déductions à la source).

Les procédures de traitement des demandes d’asile étant de plus en plus longues, on étire ainsi la période pendant laquelle ces derniers ne peuvent pas travailler, et donc s’intégrer véritablement à la société québécoise. Priver de services de garde abordables ces personnes souvent issues de communautés racisées est un pas pire exemple de ce à quoi peut ressembler le racisme systémique.

Des choix politiques douteux. 
Ce choix, parce que oui c’est un choix politique, du ministère de la Famille d’exclure ces enfants des services de garde éducatifs à la petite enfance est tout simplement dégueulasse et s’inscrit dans la foulée de bien d’autres exemples de discrimination à l’égard des demandeurs d’asile, des immigrants en attente de régularisation de leur statut et de leurs enfants.

Il y a peu, le gouvernement annonçait (enfin!) qu’il permettrait aux enfants sans-papiers de s’inscrire gratuitement à l’école publique (bien que le collectif Éducation sans frontière s’inquiète de la mise en œuvre de la mesure), mais rien n’est encore fait. En mai, le Protecteur du citoyen dénonçait que « les enfants nés au Québec de parents au statut migratoire précaire sont injustement privés de la gratuité des soins de santé à laquelle ils ont pourtant droit. »

À un moment donné, il va falloir être cohérent entre le discours d’accueil et d’ouverture sur le monde du gouvernement et les actions concrètes sur le terrain. Cette frange vulnérable de la population qui vient ici trouver un refuge a besoin qu’on leur ouvre les bras et qu’on les aide à s’intégrer pour enrichir notre collectivité, pas qu’on les traite comme des sous-citoyens et qu’on leur mette des bâtons dans les roues!

À l’approche des élections, si on écrivait au ministre de la Famille, Luc Fortin et à nos candidats locaux pour leur dire ce qu’on en pense?