J’annonce à ma mère que je suis enceinte. Elle réagit d’une manière tellement non conventionnelle que j’aurais de la difficulté à vous décrire la scène. C’est surréaliste. Mon pauvre chum ne sait pas où se mettre et me regarde avec un air de : « On devrait-tu s’en aller? » Ma mère finit par dégeler, mais l’ambiance est lourde. Sans le savoir, je goûtais pour la première fois à la plus profonde tristesse qui m’habite encore : ma mère n’est pas une bonne grand-mère. 
 
C’est comme si je voyais tout ce qu’elle faisait avec mes enfants avec mes yeux de petite fille qui a manqué d’amour toute sa vie. Toutes ses maladresses me sautent au visage et je ne fais qu’espérer que mes enfants n’en souffriront pas comme moi j’en ai souffert. 
 
Ma mère les couvre de cochonneries de la pharmacie, mais ne les garde jamais. Elle vient les voir à la maison, mais s’assoit au comptoir pour boire du vin et leur demande sans cesse de faire moins de bruit. Parfois, elle s’assoit par terre et joue de bon coeur et de longues minutes avec eux, mais c’est toujours temporaire.
 
Il n’y a pas les étoiles dans ses yeux ni la protection inconditionnelle de ses bras que j’espérais. C’est comme si quand il n’y avait pas de public pour témoigner de ses efforts, ceux-ci s’envolaient aussi vite qu’ils étaient apparus pour laisser place à la femme froide qu’elle est. 
 
Je sais, c’est même dur à écrire, mais j’ai été élevée par une mère froide. Je sais qu’elle m’aime et que cet amour est le même pour mes enfants, mais je constate que j’espérais encore naïvement trouver la mère dont j’ai toujours rêvé dans le nouveau rôle de grand-mère qui l’attendait.
 
C’est un deuil difficile à faire, mais je dois arrêter d’espérer et concentrer mes énergies à devenir cette mère que je n’ai pas eue. 
 
Une maman câlins. 
Une maman bisous.
Une maman sécurisante.
 
Et je serai la grand-maman tatouée la plus cool du monde. Promis juré.

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