Nous avions l’habitude de passer nos vacances ensemble, dans des pays exotiques, à faire la fête jusqu’aux petites heures de la nuit, à vivre des aventures rocambolesques, chaque fois dans un pays différent. Mais nous avons eu des petits et des petites et nos vacances ont été vécues chacun de notre côté. Cet été, pour la première fois depuis la naissance de nos enfants, nous nous retrouverions tous et toutes ensemble, en plein mois de juillet, oisifs. Des vacances avec des meilleurs amis qui habitent à l’autre bout de la planète, durant deux semaines, avec tous nos enfants réunis. Comme nous venons d’avoir un autre enfant, ces vacances auraient lieu chez nous, à Montréal. Nos amis traverseraient l’océan avec leur marmaille pour venir passer trois semaines avec nous et la nôtre. Ce qu’on allait s’amuser tous et toutes dans la même maison! Même si on n’allait pas faire la tournée des bars comme autrefois, ça ne pouvait qu’être magique, n’est-ce pas?
 

Crédit : Jude Beck/Unsplash

 
Ouan, ben non. Ce n’était pas magique. Ça a été au final, carrément pénible.
 
Nous ne savions pas que des styles parentaux pouvaient être si différents avec des amis autrement si semblables à nous. Des enfants sans aucun horaire et qui ne sont jamais considérés dans les choix d’activités du jour, même si ce n’est pas notre genre, nous pouvions nous en accommoder sans souci. Mais quand à ça se mêlaient menaces, commentaires passifs agressifs, invalidation des émotions de tous petits, ça nous choquait. Ma fille de 5 ans m’a demandé un soir : « Ils écoutent juste quand c’est les adultes qui parlent. Pourquoi ils écoutent jamais les enfants? » Et sincèrement, ça m’a brisé le cœur de devoir lui expliquer qu’il y avait des gens comme ça, surtout quand #LesGens étaient en fait mes amis.

Nos amis ne nous avaient pas informés qu’ils étaient en train de se séparer. Fini les fous rires, exit la complicité. Nous nous sentions mal de nous entendre si bien mon chum et moi, devant eux qui s’engueulaient pour un rien à tout moment. Voir nos amis se chicaner sans cesse nous mettait un peu mal à l’aise, mais les voir se parler irrespectueusement devant nos et leurs enfants, ça nous dérangeait profondément.
 
Nos amis ne nous avaient pas informés qu’une des personnes de leur couple était en sévère burn-out et que l'autre peinait à prendre charge de tout ce que supposent des enfants. Nous ne comprenions pas pourquoi, même avec des enfants, ils se levaient à des heures pas possibles, envoyant leurs petits réveillés dans nos appartements pour qu’on s’en occupe tandis qu'ils continuaient à dormir. Nous ne comprenions pas pourquoi ils oubliaient de les nourrir, de leur préparer des collations, de leur changer les couches. Quand nous avons fini par apprendre la raison du laisser-aller des parents, nous avons compris. Et nous avons pris la relève du soin de leurs enfants. Mais sincèrement, nous aurions aimé nous y préparer. 
 
Nos amis étaient déjà épuisés en arrivant ici, émotionnellement, professionnellement, physiquement. Nous avons fait chaque souper, chaque vaisselle, chaque ménage. Nous nous sommes levés plus tôt, chaque jour, tous les jours. Nous avons joué avec leurs enfants et les nôtres, les avons nourris, les avons même gardés pour qu’ils puissent se reposer certains matins et se retrouver le temps d’une soirée. Bref, nous avons passé nos vacances à leur permettre d’être en vacances.  #BesoinDeVacances