On a été si amoureux. Dès la première fois que je l'ai vu, quelque chose s'est déclenché en moi, un mélange de nervosité et de fébrilité. Quand il m'a invitée au cinéma, je me suis préparée comme si j'allais à un bal. Cette fois et toutes les autres qui ont suivi ce rendez-vous. J'étais impatiente de le revoir, de l'embrasser et de passer du temps avec lui. Les mois se sont transformés en années et mon amour pour lui s'est solidifié. Ce serait le père de mes enfants. 

On a emménagé ensemble, j'étais encore aux études, pas lui. Il a toujours été le terre à terre, le positif, le pilier, quoi! De mon côté, je suis impulsive, tête en l'air et intense. Tout le monde trouvait qu'on « s'équilibrait bien ». Mais peu à peu l'équilibre a défini des rôles. Son habitude de diriger s'est transformée en rôle teinté d'une autorité frôlant le mépris, en tout cas à mes yeux.

Ce changement est arrivé brusquement à l’arrivée de notre enfant. J'ai un passé de santé fragile (comme toute ma famille d’ailleurs) et j’imagine que cela doit peser dans la balance, mais une chose est certaine : j'en aurais fait autant pour lui parce qu'au fond de moi, je sais que c'est lui que j'aime. Malheureusement il y a des jours comme aujourd'hui où je me dis que cela ne suffit plus.

Souvent je suis questionnée sur ce que je fais et pourquoi. Ces questions défilent dans nos échanges comme un automatisme auquel je dois me soumettre. Par contre, les questions visant à savoir comment je vais sont quasi-inexistantes. Pour aborder un sujet qui me concerne, je dois carrément l'annoncer et souvent faire des rappels. L'intérêt n’y est plus. 

J’en suis d’autant plus désolée, car il est un père aimant et attentionné. Cependant, il y a des jours comme aujourd'hui où je me dis que je serais mieux sans lui. Je ne serais pas ignorée ou je ne serais pas transparente pour quelqu'un, car au moins je serais seule. Je ne devrais pas me priver de l'espoir de PEUT-ÊTRE attirer quelqu'un. 

Ces jours s'accumulent et se suivent. Un jour, je sais que cela pèsera plus que mes rêves de famille unie, de frères et soeurs issus du même père, de ma capacité de pardon et d'encaissement.

Vous voulez savoir ce qui tue l’amour (et ma libido) au quotidien? Voici quelques faits des derniers jours :

- Me faire exiger sèchement de trouver les souliers de notre enfant pour qu'il sorte avec, car c'est MON rôle de mère de tenir un inventaire serré de toute la maisonnée. 
- Devoir descendre un étage pour lui fournir une serviette parce qu'il a décidé de me donner le luxe de laver le visage de notre mini mais qu'il ne veut quand même pas tout faire.
- Me sentir rejetée le soir quand je cherche le désir. 
- Partir en soirée avec une amie pour décrocher et voir si je lui manque un peu, lui annoncer que je pars danser et seulement recevoir comme réponse « achète du lait ». Revenir tard, me lever et avoir comme salutations matinales un : « t'as même pas acheté le lait ». 

Je pourrais continuer, mais si je le fais, je vais me convaincre tout simplement du fait que je l'aime, mais cela ne suffit plus. C'est peut-être ce qu'il faudrait faire, mais je ne suis pas prête. J'ai encore espoir que mon amant aimant et attentionné ressuscite. Je suis ainsi, rêveuse. Par contre plus le temps passe et plus je me convaincs du contraire.

Je laisse le temps aller, mon amour agonisant tente de survivre à travers tout cela. J'espère et le regarde faire, entre-temps je lui rappelle les raisons de mon insatisfaction et de ma tristesse et espère au fond de moi être entendue, considérée et aimée à nouveau comme autre fois. Mais quelque chose me dit au fond de moi que je rêve en couleurs.