La petite est enfin couchée. J’ai ramassé le salon, plié le linge qui restait à plier, répondu à deux-trois textos. J’ai enfin un peu de temps. J’écoute le silence. Je pense à ma mère qui a offert de venir me donner un coup de main la semaine prochaine. Mon chum, qui n’est d’ailleurs parti depuis trois jours, sera encore une fois à l’extérieur, pour le travail. Elle a dit que ça lui ferait plaisir de venir, et que je devrais en profiter pour souffler un peu. Je ne sais pas. Je ne veux pas non plus qu’elle bouscule trop nos habitudes. Et puis ça fait loin pour elle… 
 
J’essaie de me rappeler les mots exacts de ma psy, à mon rendez-vous d’hier. Ceux qui m’ont bouleversée. C’était quelque chose comme : « tu sembles avoir une résistance à accepter les choses qui sont bonnes pour toi, les choses qui te font du bien ». 
 
Ça sonne si vrai que ça fait mal. 
 
Au début, quand la petite est née, j’étais juste en mode survie. Je faisais ce que j’avais à faire, c’était un feu roulant. Et c’est comme si j’ai pris des habitudes. Je suis devenue incapable de déléguer, ou de me séparer d’elle, et je sais de toute façon que c’est toujours plus efficace si c’est moi qui m’occupe de tout ce qu’il y a à faire. 
 
C’est étrange, mais c’est comme si je trouvais plus simple de choisir le difficile. Comme ça je n’ai rien à demander à personne. 
 
Avant de la coucher, j’ai mouché la petite avec l’eau saline, mais en le faisant, je me suis rendu compte que j’avais oublié de mettre le sel dans mon eau bouillie. La petite s’est étouffée et ça m’a mise complètement à l’envers.
 
Je suis crevée.
Et je suis seule.