Dimanche soir. Le matin, je courais le demi-marathon de Montréal et j’avais eu mal. Mon corps, mes pieds et mes jambes tremblaient à partir du 13e km. Il m’en restait 8,1 à franchir avant de me sentir satisfaite. Alors que je me demandais s’il ne serait pas plus raisonnable d’abandonner cette course, ma tête me criait que je n’abandonnais jamais. 
 
C’est vrai. Je n’abandonne pas. 
 
Je cours. Je roule. Je pars à mon compte. Je nourris la maisonnée. Je torche. J’apprends l’orthographe, la grammaire et les maths. J’apprends les valeurs à la bonne place, la politesse et la vie. Je socialise, je reçois à souper, j’embrasse et quand il me reste un peu d’énergie je fais l’amour (pour ensuite me jurer de le faire plus souvent!!).
 
C’est moi qui ai demandé à mon chum de trouver le film. La bande-annonce m’avait chamboulé et je m’étais juré de voir l’œuvre en entier. Environ cinq minutes suivant le début, je pleurais. Au milieu du film, je sanglotais tellement que je suis allée me chercher une boîte de Kleenex. À la fin du film, j’étais l’ombre de moi-même, pâle, et les yeux trempés de tristesse.
 
Au point où mon chum s’est inquiété.
 
J’ai été incapable de lui avouer que ce que je venais de voir à l’écran, je l’avais vécu. J’étais incapable de formuler la phrase pour dire que j’avais aussi tellement souffert durant ma maternité et que puisqu’elle celle-ci ne s’arrêterait jamais, il m’arrivait encore de souffrir en silence. 
 
J’ai craqué en deux dans un immense bruit qui me fait encore frémir de peur 48h plus tard.
 
Ce film m’a ouvert les yeux. Il m’a fait voir la femme que j’ai larguée à 27 ans pour embrasser mon nouveau rôle de mère. J’ai ressenti les joies, les rires, les soirées, les rides en vélo… Les restants d’une période que j’ai enterrée parce que cette jeunesse rendue malsaine et remplie d’abus de consommation me tuait à petit feu. J’ai sauvagement abandonné une partie de moi, croyant que je pouvais l’étouffer avec mes enfants, mon bungalow et mes REER. 
 
Mais j’ai eu tort. Je ne pourrai jamais ignorer cette partie de moi et il est grand temps que j’en prenne soin. 
 
Merci à l'auteure de Tully, Diablo Cody. Tu m’as libérée.