Pas le navet cinématographique que l’on connaît. Celui de la vie réelle, du tangible quotidien et de l’enfer qu’elle me fait vivre depuis bientôt 3 ans. On ne choisit pas sa BM. La version W mobile, oui. Celle sur deux pattes, elle vient en kit avec le mari.

Ah ce cher et tendre époux! Pourtant de cœur et de raison choisi. Je dois accorder une certaine part de son excellence à celle qui me pourrit la vie, qui l’a élevé dans son étouffante tendresse maternelle. En toute rationalité, ma B-M a fait un travail exemplaire, sur une base génétiquement bien nantie, on s’entend. L’homme justifie la peine, somme toute. Mais à quel prix? Celui d’un psy chèrement payé pour rétablir mon mental altéré, mon cœur déchiré, ma confiance ébranlée ? 

Ma propre maternité aura révélé la vraie nature de belle-maman; celle qui vous gruge le dedans, consume l’esprit et bousille la vie. Celle qui suffit à remettre en question l’entièreté d’une relation amoureuse et d’une compétence parentale. J’ai longtemps été réduite aux larmes, confrontée à ma propre vulnérabilité, à mon désir de plaire, par respect pour l’humain, quel qu’il soit. Me voilà maintenant venue à cette douloureuse et pourtant factuelle conclusion : ma belle-mère est un monstre.

Oui, oui. Elle reproduit sa maternité sur mon fils, celui qu’elle qualifie de copie parfaite de mon mari. Elle revêt mon manteau maternel et s’octroie des droits décisionnels parentaux sans préavis. Elle revit 1987 et superpose l’image de son bien-aimé fiston sur notre minuscule bout d’homme, notre petit coco au cerveau éponge qui, à force de l’entendre de son infâme bouche à elle, l’appelle «Maman».

Cauchemar de bru. 

Après moult confrontations polies, les dents serrées par la colère respective (odieuse belle-fille que suis-je de confier mon trésor à une garderie, plutôt qu’à elle), et à grands coups de menaces de rupture de contact : ENFIN, elle a admis sa méprise. 
Fin du constat. Zéro introspection subséquente, niveau de culpabilité frôlant le moins mille; pas de quoi en faire un plat, voyons! Ironie 101.

Toutes les décisions saugrenues, parfois déplacées, souvent nettement marquées par un manque de jugement; toutes les actions usuellement strictement réservées aux parents… et encore (prendre une douche nue peau à peau avec bébé, couper les cheveux sans demande préalable... par trois reprises) ; toutes ces choses qui ont fait sortir mes globes oculaires de leur boîte crânienne fumante et brisé au passage mon âme; tout s’explique maintenant. Oui, elle se croit mère de mon enfant.

Confusion? Psychose? Débordement d’amour? Quel diagnostic docteur? Et puis, comment gérer pareille information, sans priver mignon fiston d’un lien familial qu’il apprécie?

Aujourd’hui, à l’image de la météo, l’eau a largement coulé sous les ponts. 
Mon constat : JE suis la mère de cet enfant. Mon périnée me le rappelle régulièrement.
J’ai enfanté cet être doux et merveilleux et ai génétiquement produit une souche de bambin héréditairement similaire à l’homme que j’ai choisi d’aimer. Un duplicata de papa. Que demander de plus? 

Cet enfant me rend bien son amour et me rappelle au quotidien combien je suis privilégiée de partager sa vie et d’être SA maman. Je n’ai pas à questionner mon rôle, ma compétence, ma maternité. Je ne suis pas en compétition avec cette femme en mal de vivre, obsédée par notre fils, aveuglée par l’amour. Je ne suis pas en guerre et d’ailleurs, ne peux m’abaisser à pareilles âneries ou y gaspiller toute mon énergie.

Mon arme ultime : la confiance que je dois cultiver et entretenir au quotidien. Celle qui doit et devrait m’habiter plutôt que cette envahissante négativité.
La confiance en ma capacité d’élever et d’aimer cet enfant jusqu’à la racine de mes cheveux, jusqu’à la pointe de mes orteils, jusqu’au bout de chacun de mes plis de post-partum; les mêmes qui ont vu naître cet être follement aimé. Voilà ce que je dois préserver et assumer.

Je te demande pardon, belle-maman, d’entretenir distance physique et émotionnelle, désormais. Je ne suis pas en obligation de relation autre qu'une de type « cordialement fraîche », avec toi. Mon moi se porte bien sans toi. Ton toi peut continuer d’aimer éperdument ce petit garçon, fruits de mes entrailles, mais ce sera à notre façon, suivant nos règles et notre motus operandi en matière d’éducation.
Point final.

Qui est le monstre maintenant?