Présenté par:
Julius Bloody Caesar

À moins d'avoir passé les derniers mois cachés sous une pierre (et encore), vous savez comme moi que nous nous dirigeons vers une crise climatique sans précédent.

Les appels de la communauté scientifique et de la société civile résonnent aux quatre coins du globe pour des actions concrètes et immédiates afin d'éviter le pire aux générations futures. On ne parle plus d'éviter le réchauffement climatique, mais bien d’en limiter les dégâts.
 


Crédit : cocoparisienne/Pixabay

Mais les politiques bougent lentement… trop lentement. Comme d'autres, j'ai suivi avec attention la dernière campagne électorale en espérant un vent de renouveau et l'élection d'un parti ayant compris que sans un environnement sain, il n'y a rien. J’ai plutôt assisté, dépitée, à l'élection du seul parti politique au Québec n'ayant même pas fourni l'effort de mettre sur papier ne serait-ce que l'ébauche d'un programme environnemental.

C'est donc avec appréhension que j'ai attendu la nomination de notre nouveau ministre de l'environnement la semaine dernière et franchement, je m'attendais au pire.

J'ai été un brin rassurée en apprenant la nomination de madame MarieChantal Chassé qui, bien que complètement néophyte sur les questions environnementales, a tenu des propos rafraîchissants au sujet de la décroissance. J'allais pousser un soupir de soulagement lorsque je suis tombée sur cette phrase :
 

 « Je me laisse aller à ce rêve glorieux d'un avion privé
pour multiplier mes allées et venues par la voie
des airs et à ce rêve tout simple
de retourner auprès des miens en un instant
pour un souper de famille tous les soirs. »
- MarieChantal Chassé                          
Crédit : Radio-Canada

Crédit : Giphy

Ne sommes-nous pas dans cette situation critique au niveau planétaire justement à cause de tels comportements? D'une pensée individualiste sclérosante qui fait passer notre bonheur personnel avant le bien commun? JE veux rejoindre mes enfants le soir. JE veux voyager sans entraves. JE refuse de reconsidérer MES habitudes de vie et leur impact sur la collectivité? Comment peut-on d'une main prêcher pour la décroissance économique et de l'autre, encencer un comportement (même pour rire, même si ce n'est qu'une image) qui symbolise à lui seul toute la démesure, la toxicité et la non-viabilité de notre mode de vie actuel?

Quand on sait que les solutions proposées en ce moment frisent le ridicule et tablent encore une fois sur les efforts d'une poignée d’individus plutôt que sur de véritables initiatives collectives.



Crédit : Le Soleil
 

Alors, je vais me permettre de vous partager MON rêve glorieux, madame la Ministre. Moi cette mère lambda qui ne votera jamais pour vous. Qui, à force de créativité, de recours à cette fameuse économie de partage et d'une solide dose d'abnégation arrive à faire vivre sa famille avec presque rien. Qui récupère, recycle, composte, achète bio-vrac-local-usagé, qui traîne ses bocaux dans les restaurants lorsqu'elle commande pour emporter, refuse les pailles pour ses enfants et toutes autres sortes de simagrées qui lui donnent l'impression de faire sa juste part.

Mon rêve glorieux, c'est de voir votre gouvernement s'élever au-dessus de la politique partisane, mais surtout des lobbys sanguinaires du gaz et du pétrole pour enclencher la transition énergétique maintenant! C’est de vous voir monter au front pour défendre notre droit à tous de vivre dans un environnement sain, malgré les immenses transformations que cela demandera tôt ou tard à notre mode de vie. Mon rêve, c'est que tous les enfants du monde - et pas seulement les miens - puissent avoir la chance de rêver à leur avenir, tout court. Pas de passer leur vie à subir les conséquences des actions de générations de consuméristes sans-coeur qui ont eu le malheur de fouler le sol de la Terre avant eux. Les affres d'un climat débridé, l'extinction en masse des grands mammifères, la destruction de toutes ces petites et grandes choses auxquelles nous tenons tant.

Voilà mon rêve, madame.
Je vous le confie.