Avoir ce sentiment que tout est toujours de ma faute… ou plutôt que je n’ai pas fait assez pour épargner la peine aux gens qui m’entourent. Me sentir mal, angoissée, avoir la boule à l’estomac à chercher ce qui ne va pas alors que bien souvent, ça ne me concerne même pas… Vouloir que tout soit toujours parfait, qu’il n’y ait jamais de malentendus, que tout mon entourage soit heureux et en harmonie… ça m’épuise, ça me ronge et parfois j’ai l’impression que ça me tue à p’tits feux…

Mon frère m’a déjà dit que le meilleur moyen c’était de m’en sacrer… mais j’y arrive pas. J’ai à cœur le bien-être des gens que j’aime, bien souvent au détriment du mien. Je sais,  j’ai à travailler là-dessus! Je dois souvent me parler pour éviter de trop m’en faire.  À l’aube de la quarantaine, je devrais pourtant me mettre sérieusement à penser à moi, à feeler un peu plus égoïste mais ça ne me rentre tout simplement pas dans la tête. Y’a toujours quelqu’un ou quelque chose pour me faire sentir cheap… et quand j’essaie de faire taire mon subconscient, bien j’ai cette maudite boule qui se loge à la hauteur de mon plexus solaire… 

J’aimerais ça des fois être capable de crier mon écoeurantite du moment (même si je sais que ça sortirait tout croche), de dire que je n’ai tout simplement pas envie d’être là où je me trouve. Mais t’sais, j’veux tellement pas faire de mal que je me tais. Pis c’est à moi que j’en fais… C’est comme si le fait de dire non pour une fois, de poser mes limites faisait en sorte que je ne sois plus à l’écoute dans le futur… parce que je ne dis jamais non!! 

Des fois j’aimerais ça, revenir en arrière, quand les technologies n’étaient pas aussi avancées. Le temps où les répondeurs n’existaient pas, que les cellulaires n’avaient pas de voyants lumineux indiquant les nouveaux messages… T’sais le temps où si t’étais pas là pour répondre, ben tu ne le savais pas! Ça faisait en sorte que le stress d’avoir possiblement manqué un appel important était moins présent. Aujourd’hui, dès que le voyant clignote, j’ai comme l’urgence de répondre immédiatement. Même si je ne suis pas en mesure de le faire correctement, même si je n’ai pas vraiment le temps là là… La réponse doit être maintenant, tout de suite. J’ai habitué mon monde de cette façon, mais des fois, c’est lourd. Pis je ne sais pas comment inverser ça. En fait, je ne sais même pas si j’en suis capable!

J’admire les gens qui lisent leurs messages en se disant « bof, je répondrai plus tard »… quand parfois ça peut prendre quelques jours avant que la réponse vienne. Je vénère ceux qui sont capables de mettre leur priorité d’amitié à la bonne place, de chasser les personnes toxiques de leur cercle, de dire non quand ça ne leur tente pas. J’aimerais parfois être une d’entre eux, mais comme j’suis incapable de dire non, incapable de penser que ma réponse pourrait blesser quelqu’un, j’en fais rien… Au fond le problème, c’est pas que j’ai peur de blesser les autres, le problème c’est que j’ai la chienne que leurs réactions me blessent…