Je sais que mes amies mamans m'envient parfois, comme j'enviais ma copine nouvellement séparée qui courrait les 5 à 7 avec joie (dans mon imaginaire, c'est ce que je me racontais).

Évidemment,  j’aime prendre un café avec une amie à 16h sans avoir à faire la run garderie-école-maison et tout le rush d'avant, pendant et après souper. Bien sûr, j’aime aller au théâtre sans avoir à texter douze gardiennes avant de tomber sur celle qui peut. 

Mais la vérité, c'est que si je me lève un dimanche matin et qu'elles ne sont pas là, je me sens infiniment triste. Pas que mon coeur, mon corps. Tout mon être a du mal à accepter cette réalité où leur absence se répète. Être séparée d'elles. Celles qui m’enracinent dans le présent, m’apprennent à lire la vie autrement, celles avec qui je vis la relation la plus intime qu’on puisse vivre avec un autre humain, celles qui ont vécu dans mon ventre. D’être loin d’elles la moitié du temps me paraît totalement absurde et anormal.

Même si je sais qu'elles sont bien avec leur père, qu'il les fait rire et qu'elles le font rire, la vérité c'est que cet ennui est douloureux et triste. Car ce n'était pas le plan initial, être séparée de mes enfants la moitié du temps. La moitié, c’est beaucoup trop. Pas que je me définisse uniquement comme maman, au contraire, j’aime maintenir un équilibre entre les différentes sphères de ma vie où se répartissent mon temps et mon énergie. Mais si j’arrive parfois à mettre de côté quelques-uns de mes chapeaux pour me concentrer sur une seule fonction, je n’arriverai jamais à éloigner de moi mon cœur de maman et les vagues qui le traversent. Alors quand vient le temps de se quitter pour quelques dodos, la marée monte et la peine aussi.

Pour échapper à la noyade, j'écris. J'aimerais bien avoir publié une vingtaine de romans quand elles atteindront la majorité, pour qu'elles sentent que leur absence aura nourri quelque chose de beau (idéalement ce serait de beaux et bons romans, mettons…peut-être de la poésie aussi, on verra bien).