Pendant longtemps, à cause de l’éducation que j’avais reçue et du peu de contacts que j’avais avec des personnes autochtones, j’ai entretenu la croyance que les cultures autochtones étaient quelque chose qui appartenait au passé. Bien sûr, je savais que des nations autochtones vivaient sur le territoire canadien. Mais j’avais en tête une image de peuples colonisés, déracinés, de gens à qui on avait tout volé; les terres, la culture, les traditions. Je les voyais comme des victimes de l’Histoire. 
 
Je ne suis pas très fière d’avoir maintenu cette impression aussi longtemps, sans faire l’effort de m’informer sur la réalité véritable des cultures autochtones actuelles. Parce qu’en fait, j’avais tout faux! Ben, pas tout tout, c’est vrai que les Premières Nations ont été les victimes d’un véritable génocide culturel au Canada et aux États-Unis, et qu’elles sont encore victimes d’injustices systémiques absolument révoltantes. Mais il serait complètement faux de croire qu’elles n’ont pas répliqué, qu’elles sont restées passives face aux violences qu’elles ont subies, ou qu’elles sont aujourd’hui « éteintes ».

Au contraire, elles foisonnent actuellement dans toute leur diversité, et je pense qu’on peut dire qu’on assiste depuis quelques années à une véritable effervescence culturelle, à une certaine résurgence, au moment où les voix autochtones se font de plus en plus entendre dans les espaces culturels, médiatiques et politiques habituellement monopolisées par des personnes blanches. Les autochtones refusent toujours de se taire, et il serait plus que temps que notre société à majorité blanche se mette à écouter, à comprendre, à laisser de la place à leur voix et leurs visions du monde. 

 

Crédit : Rock Your Mocs/Facebook

Cette semaine, sur les réseaux sociaux, a lieu la journée d’expression et de solidarité autochtone Rock Your Mocs (Rock tes mocassins). L’événement est né à l’initiative de Jessica Jaylyn Atsye, une jeune femme d’origine Laguna Pueblo, une première nation située dans l’État du Nouveau-Mexique, aux États-Unis. Le 15 novembre de chaque année, toutes les personnes autochtones à travers la planète sont invitées à porter fièrement leurs mocassins, afin de manifester leur présence et de montrer aux autochtones et aux non-autochtones la richesse et la diversité de leurs cultures respectives. Elles sont aussi invitées à partager leur photo sur les réseaux sociaux avec le hashtag #RockYourMocs, afin de créer un immense album photo de fierté interculturelle. Toutes sortes d’activités sont organisées pendant la semaine dans les différentes communautés de l’Île de la Tortue (l’Amérique du Nord), des activités qui honorent la tradition du mocassin, honorent les ancêtres, et qui créent des moments de rencontre communautaire, de grande fête.  

La fondatrice de Rock Your Mocs, Jessica Jaylyn Atsye 
Crédit : Rock Your Mocs/Facebook

Dans le cadre de Rock Your Mocs, je vous propose cette semaine une série d’articles sur des personnalités, des œuvres et des écrits autochtones actuels. Question de partager un peu de cette richesse culturelle qu’on ignore trop souvent. Vous pouvez déjà lire nos recommandations de livres pour enfants écrits par des auteurs et autrices autochtones ici
 
Mais surtout, je vous invite à vous abonner au hashtag #RockYourMocs sur les réseaux sociaux pour assister à cette manifestation de talent et de fierté autochtones. 
 

La proclamation Rock Your Mocs
We, as Indigenous people stand united through our tribal individuality, symbolically wear our moccasins, honor our ancestors, and indigenous peoples worldwide, during Rock Your Mocs and National Native American Heritage Month.