Cette semaine, toutes sortes de célébrations sont organisées dans des communautés autochtones de l’Île de la Tortue (l’Amérique du Nord) dans le cadre de Rock Your Mocs, un événement d’expression et de solidarité autochtone fondé par Jessica Jaylyn Atsye (Laguna Pueblo). J’en profite pour vous présenter quelques écrits autochtones à ajouter absolument à votre bibliothèque. 
 
1. Uiesh, Quelque part, de Joséphine Bacon (poésie)
 

 

Crédit : Benoît Rochon, Mémoire d’encrier

 
Voici le dernier recueil de poésie de la poétesse innue Joséphine Bacon. Comment vous dire qu’il faut absolument que vous rencontriez les mots de cette femme, que vous découvriez avec eux les chemins de la mémoire, l’odeur de la toundra, l’amour qui se fait transmission, la force du silence quand il est temps de prendre parole ? À lire et lire et relire sans ménagement.
 
Je n’ai pas la démarche féline
J’ai le dos des femmes ancêtres
Les jambes arquées
De celles qui ont portagé
De celles qui accouchent
En marchant

Apu tapue utshimashkueupaniuian pemuteiani
Anikashkau nishpishkun miam tshiashishkueu
Nuatshikaten
Miam ishkueu ka pakatat
Miam ishkueu ka peshuat auassa pemuteti
 
2. Le dernier numéro de la revue LibertéPremiers peuples : cartographie d’une libération (collectif)
 

 
Pour son numéro de l’automne 2018, l’équipe de la revue Liberté a décidé d’offrir ses pages à des auteurs, autrices et artistes autochtones. Cesser de discuter les enjeux de la décolonisation entre blanc.he.s, comme c’est souvent le cas dans les milieux intellectuels et militants québécois, pour laisser les personnes qui les vivent construire leur récit, à leur manière. Voici donc une série de textes, forts et durs et francs, qui ne se gênent pas pour mettre les injustices « en pleine face », et célébrer en même temps une liberté qui refuse d’être enchaînée. Des écrits essentiels pour comprendre la lutte et le mouvement décolonial actuel.
 
Avec des textes de Natasha Kanapé-Fontaine, Nawel Hamidi, Darryl Leroux, Pierrot Ross-Tremblay, Guy Sioui Durand, Dominique Charron, Charles Koroneho et du collectif Ishpitenimatau Tshikauinu Assi, et des œuvres de Christi Belcourt. 
 
3. L’Indien Malcommode. Un portrait inattendu des Autochtones d’Amérique du Nord, de Thomas King (essai)
 

 
Thomas King est un auteur d’origine cherokee et européenne que je trouve hilarant. Son portrait inattendu des autochtones d’Amérique du Nord est un essai sérieux, informatif et super bien articulé, mais il demeure aussi vraiment drôle et est donc très plaisant à lire. J’ai tellement appris dans ce livre qui « réécrit » en quelques sortes l’histoire de l’Amérique de Nord, en prenant compte, sérieusement cette fois-ci, des expériences, histoires et luttes des Premiers Peuples. Un récit à la fois personnel et collectif, drôle, touchant et révoltant. 
 
4. Les poupées, de Sylvain Rivard (poésie)
 

 
En hommage aux femmes et filles autochtones disparues ou assassinées, l’artiste multidisciplinaire et créateur Sylvain Rivard a composé cette série de poèmes, qui s’accompagne au travers des pages, de dessins et de collages de l’auteur. Rivard a voulu montré que le phénomène des femmes et filles autochtones disparues ou assassinées ne date pas d’hier, mais qu’il est ancré dans l’histoire coloniale de l’Amérique depuis ses débuts. S’inspirant de faits historiques réels, ses poèmes sont à la fois tranchants et rafraîchissants, drôles et profonds. On apprend beaucoup à la lecture de Les poupées, on rit, on pleure. Je vous le recommande chaudement. 
 
5. Cartographie de l’amour décolonial, de Leanne Betasamosake Simpson (roman)
 

 
L’écrivaine et militante Leanne Betasamosake Simpson, membre de la communauté Michi Saagiig Nishnaabeg, est une des figures importantes du mouvement de résurgence autochtone actuelle. Sa plume est magnifique. On dévore les pages de cette cartographie intime et collective des territoires amoureux qu’explorent ses personnages. Comment vivre l’amour au cœur d’un génocide culturel? Comment trouver le courage nécessaire pour cracher sur le racisme et le colonialisme et vivre simplement nos désirs et nos rencontres, comment s’affranchir? Les petites histoires racontées ici proposent de voyager d’îles en îles pour réfléchir tout ça.

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