Avant qu’elle ne naisse, nous nous étions promis de toujours lui dire la vérité.
De ne jamais faire de secrets ou de mentir sur des sujets jugés trop épineux. Même que ça nous avait amenés sur le sujet du Père Noël avant la naissance.

Mon tendre trouvait que c’était la rouler dans la farine que de lui faire croire en cet individu fantastique qui donne, qui donne, qui donne et qui semble donner plus à des enfants mieux nantis que d’autres. Moi, j’étais d’avis qu’il y a une certaine magie de Noël qui ne tient pas que des cadeaux et qu’on ne pouvait pas la priver de ça.

Ma fille est née et mon chum s’est rangé de mon côté quand il a vu des étoiles dans ses yeux.
On pensait en avoir pour quelques années à lui faire de la magie de Noël à la pelletée, mais c’était mal connaître ma 4 ans et demie et son scepticisme précoce.
 

Sa face quand on lui fait croire qu'on lui sort des 25 cennes des oreilles
Crédit : Giphy

J’m’explique.
 
On roule.
Une petite balade familiale en voiture ben smooth, un dimanche après-midi. À trois, Papa, Petite et moi, on fait des devinettes, on chante du Françoise Hardy, on essaie de rendre le trajet entre point A et point B le plus agréable possible.
Aux alentours de Saint-Jérôme, on joue à « Pour de vrai ou pour de faux ». La petite nomme des choses et on lui dit si ça existe pour vrai ou non.

« Les monstres, est-ce que c’est pour de vrai? »
« Mais non, mon poussin, ça n’existe que dans les histoires, les monstres. »
« Alors, les dinosaures, ça existe pour de vrai? »
« Oui! Mais ils sont tous morts il y a très longtemps, tu sais. »
« Et les sorcières? »
« Faux, faux, faux! Les sorcières qui volent sur des balais, ça n’existe pas »
 
Au bout d’une dizaine de questions, après avoir parlé de planètes et de dragons volants, elle nous prend au dépourvu en demandant : « Et le Père Noël, lui, il existe, oui ou non? »

On était pas stoïque pantoute face à la question
Crédit : Giphy

Et là, l’ambiance dans la voiture est passée de la joie à l’inconfort avant que Françoise Hardy ne trouve « Comment te dire adieu? ».
 
On s’est regardé, lui et moi, ne sachant quoi dire.
Oui, on veut lui dire la vérité mais franchement, 4 ans et demie pour arrêter de croire au Père Noël, me semble que c’est jeune.
Je sue. Je regarde la route. Je réfléchis à 200 km/h, mon esprit dépasse la voiture. La petite répète sa question pour briser ce silence qu’elle ne comprend pas.

Et j’ai une idée, je lui lance « Toi? Qu’est-ce que t’en penses? ». C’est à elle de prendre un moment de réflexion. Elle place son petit index près de sa bouche et fais un duck face dubitatif. Lui et moi, on reste le plus neutre possible. Puis, la face de ma fille se détend, elle a trouvé sa réponse « Je pense que c’est vrai qu’il existe! ». Lui et moi, on se regarde, on respire un bon coup et je réponds enfin : « C’est un bon choix, ma grande » et comme elle était apparue, la question s’est volatilisée, pouf, comme ça.

Partie la question, comme la sorcière.
Crédit : Giphy

 
Elle a, d’elle-même, trouvé la réponse qui lui convenait au moment où elle en avait besoin, et nous on continuera à la fournir en magie tant et aussi longtemps qu’elle le voudra bien.

C’est un peu ça, l’enfance, c’est la sienne, et ce serait dommage de vouloir l’en sortir, alors on marche avec elle dans ce champ de merveilleux.