Chez nous, chaque année, c’est le moment où l’on monte le sapin qui marque le début du temps des Fêtes. C’est la tradition. Les boîtes sorties du sous-sol jonchent le plancher, la musique de Noël joue à la radio. C’était comme ça avant même que nous ayons des enfants. Maintenant, en prime, il y a quatre petits pieds qui courent partout en éparpillant les épines tombées au sol; quatre petites mains qui fouillent dans les décos; quatre petits yeux qui brillent. C’est magique! Enfin, magique l’espace de quelques instants. Car ce qui fait également partie de la tradition depuis que des minis humains y participent, ce sont les trois stades qu’ils traversent entre le début et la fin de l’activité : 

Stade 1 : l’impatience

Au début, les enfants ont terriblement hâte de commencer. « On fait le sapin, youppi! » « Moi je veux mettre une guirlande! » « Moi je veux mettre l’étoile! » Une note parfaite pour l’enthousiasme, mais pour monter un sapin artificiel, il faut commencer par assembler toutes les sections et placer chaque branche. Même moi, je déteste ça. Pour les enfants, c’est un pur supplice. Ils veulent nous aider, ce qui a pour seul effet de ralentir le processus, et ils finissent par nous observer en trépignant d’impatience, répétant comme une litanie : « Est-ce que vous avez fini? Est-ce qu’on peut mettre les décorations? Est-ce que vous avez fini? Est-ce qu’on peut mettre les décorations? »
 


Crédit : Giphy


Jadis, la sieste était notre alliée : c’est elle qui nous donnait le temps d’assurer, entre adultes, le volet « préparation » de la chose, pour que tout soit en place au réveil des garçons. Cette alliée aujourd’hui disparue, il faut déployer des trésors d’imagination pour insuffler de la patience aux petits cœurs fébriles. Cette année, Coco a dessiné un sapin en attendant que le vrai soit prêt pour sa contribution. Bout d’Chou, lui, nous a fait un récital, chantant par-dessus les chansons de Noël diffusées par la radio, fier de montrer l’étendue de son répertoire. (Exit notre sélection habituelle, place aux chansons de la garderie!) 

Stade 2 : l’excitation

Ça y est, le sapin est prêt à être décoré! L’émoi des enfants grimpe d’un de vingt crans. Leur corps peine à contenir toute cette énergie. Ils en tremblent presque. Sans doute que si j’éteignais la lumière, ils feraient un effet glow in the dark.

On sépare les décorations en deux étapes : tout d’abord, entre celles qui sont fragiles (qui seront confiées à Papa et Maman) et celles qui ne le sont pas. Puis on répartit ces dernières également entre chaque enfant, afin que chacun en ait le même nombre — comme si c’était pertinent (voir stade 3). Le grand moment est arrivé : ils commencent à décorer le sapin.
 


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Le bonheur dure, oh! trois bonnes minutes : avec toute cette effervescence dans l’air, les accrochages sont inévitables. Il y aura immanquablement, cette année encore, des disputes à arbitrer et des comptes de trois à effectuer. Parce que monter un sapin, ce n’est pas le fun s’il n’y a pas au moins un peu de bisbille. 

Stade 3 : le désintérêt

Puis, subitement, c’est fini. Il reste encore la moitié des décorations à accrocher? Qu’importe, ça n’intéresse plus les petits. Ils ont fait le tour de l’expérience. Comme ça. Sans transition. Ils annoncent nonchalamment « j’ai fini », puis se tournent vers une autre activité.
 


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Mon chum et moi terminons la tâche. Nous finissons d’accrocher les décorations, nous revoyons subtilement la répartition de celles qui sont déjà dans le sapin (parce que huit boules sur la même branche, euh, non). Nous installons la jupette sous l’arbre et passons le balai. Le tout sans que les deux petits esprits occupés à autre chose ne nous portent la moindre attention.

Ce n’est pas parfait, ce n’est pas comme dans les films, mais c’est nous. Notre tradition à nous. Notre magie à nous. 

De toute façon, la perfection, c’est plate.