Je m'étais préparée comme j'ai pu à mes bébés. J'ai lu beaucoup. Je me suis impliquée dans des groupes. J'ai écouté les conseils de plein de monde. J'en ai pris, j'en ai laissé.

Mes filles ont eu un an en novembre. J'ai fait le bilan de cette année dans ma tête et j'en ai conclu que je suis impressionnée de l'évolution rapide d'un nourrisson; que je suis en amour avec mes filles et que je suis certainement un parent hélicoptère en devenir.

Ç’a été de loin la meilleure année de ma vie tout en étant la plus difficile. Je chéris les soirées collées à mes bébés, les heures à les regarder dormir, boire, manger, rire ensemble. Mais je n'oublie pas le sentiment de culpabilité et de remise en question qui m'habite chaque minute de ma vie. On m'en avait parlé, mais c'est une des choses auquel j'avais décidé de plus ou moins croire. 

Je me remets en doute sur tout. J'ai beau retourner toutes les situations dans ma tête à chaque fois, d'y réfléchir avec intensité, de conclure à quelque chose et d'en être satisfaite sur le coup, soyez certains que 10 minutes plus tard je me ronge les ongles anxieusement. Je m'imagine toujours le pire des scénarios. J'ai peur que si je prends l’une avant l'autre, qu'elle développe un sentiment d'abandon et que ça la suive toute sa vie.

Quand elles dorment, je regarde le moniteur vidéo et si je vois qu'une a un toutou près du visage, je brise le no man's land et je vais dégager tout ce qui est près de son minois.

J'ai pas fait la DME parce que j'angoissais bien trop à l'idée qu'elles s'étouffent. À chaque purée que je donnais, je me sentais pas bien de ne pas faire comme la majorité et d'y aller avec les morceaux directs. J'essayais fort de me rappeler qu'au moins ça me prenait pas une demi-heure à ramasser le stock à terre et changer mes deux enfants parce qu'ils sont beurrés jusqu'à la couche.

Les « elles vont avoir de la misère avec les textures », « c'est plate parce que maman et papa ne mangent pas en même temps que bébés, (slow clap), bravo pour le temps de qualité passé en famille », « c'est hot Cynthia que tu priorises la propreté de ton plancher qui n’est même pas si propre que ça anyway au détriment de l'autonomie de tes filles. C'est beau, fille. », me rentrait dedans après chaque repas ou presque.

Je pense que la seule résolution que je vais me donner cette année sera d'assumer avec plus de conviction mes décisions. Je ne parle pas de les assumer avec autrui, ça, je n’ai pas de problème avec ça. Je parle de les assumer avec moi-même. Me donner le droit de savoir que je fais le bon choix sans m'ajouter une pelletée de culpabilité sur les épaules. 

Le sentiment constant de culpabilité et les remises en question, ça vous connaît? Comment ça se manifeste au quotidien?