Tel que je l’ai déjà raconté, notre grand fils est né huit jours après le décès de notre aînée. Il était notre soleil dans notre tempête et il a reçu énormément d’attention. Je dois même avouer que nous avons eu tendance à le surprotéger.

Pendant un peu plus de trois ans, il a été le centre de notre univers. Nous n’avions pas connu ce qu’était un développement «normal» avec notre aînée, puisqu’elle était polyhandicapée. Nous étions également très affectés par son départ récent et subi. Nous étions donc complètement obnubilés par les moindres prouesses de notre fils et nous avions du mal à nous séparer de lui. Puis, son petit frère est né. Nous avons alors dû apprendre à partager notre attention et notre temps entre nos deux amours.

Notre grand fils adore son petit frère, mais ce serait faux de dire qu’il n'éprouve pas de difficulté à s’adapter à son arrivée. Après neuf mois, il lui arrive encore d’adopter des comportements difficiles pour obtenir notre attention ou d’exprimer ses émotions de façon un peu trop explosive.

Et il n’est pas le seul à éprouver de la difficulté à patauger dans ce nouvel univers familial. Même si j’ai 36 ans et qu’il s’agit de mon troisième enfant, j’ai souvent l’impression d’avoir du mal à partager adéquatement mon attention entre mes deux fils et je me sens parfois envahie par un fort sentiment de culpabilité en ce sens.

Par exemple, j’ai toujours eu l’habitude d’endormir mes enfants, au sein et en cododo puis en les accompagnant dans leur lit par la suite. Ils n’ont jamais eu le sommeil facile, tous les trois. J’ai donc l’impression de passer la majorité de mes soirées à tenter d’endormir mes enfants, et une partie de mes journées à endormir le plus jeune lors de ses siestes. Pendant ce temps, je me sens coupable de ne pas jouer avec mon plus grand ou de ne pas répondre rapidement aux besoins de mon plus jeune qui réclame le sein ou mes bras.

Mon mari est très présent, heureusement. Malgré tout, j’aimerais vraiment avoir le pouvoir de répondre aux besoins de mes deux fils simultanément. Je sais qu’ils doivent apprendre à partager notre attention et à s’occuper seuls, mais j’ai la culpabilité facile. Même si je considère merveilleux d’avoir agrandi notre famille et que je ne changerais notre situation pour rien au monde (sauf si j’avais le pouvoir de faire revenir notre fille), je ne croyais pas que l’adaptation au changement de notre cellule familiale demanderait autant d'énergie. Le contexte très particulier dans lequel est né notre grand fils n’est sans doute pas étranger à tout cela, mais j’imagine que la venue d’un nouvel enfant doit toujours bouleverser la famille à différents niveaux.

J'ai également l’impression d’avoir très peu de temps à consacrer à mon mari, à notre couple et même à ma propre personne. Mais il y a tant à dire à ce sujet que cela fera probablement l’objet d’un autre billet!

Comment s’est passé l’arrivée de votre deuxième ou troisième enfant dans votre famille?