Les enfants enfin couchées, j'ai envie d'une série Netflix cerveau-dans-le-jello. Ce soir, mon choix s'est arrêté sur L'ordre des choses, mettant en vedette Marie Kondo, fée minimaliste du rangement. Elle arrive dans la maison des gens, leur apprend à se débarrasser des choses inutiles, à organiser chaque pièce et à plier le linge selon une technique qui permet de ranger les morceaux les uns à côté des autres plutôt qu'un par-dessus l'autre. L'idée est de toujours voir tous nos objets et d'en garder le moins possible.

Loin de l'effet jello recherché, cette série m'a stressée grave. Depuis, j'angoisse chaque fois que j'ouvre mon garde-robe chaotique ou que je fais juste jeter les yeux autour de moi. J'ai le piton culpabilité à high. TOUT est en bordel dans mon appartement! Pour avoir une maison KonMari, l'approche préconisée ici, il faudrait que je prenne des jours complets (de vacances?) pour faire la démarche de tout sortir les objets, laisser aller ceux qui ne me servent pas, ranger différemment les autres, puis toujours REMETTRE chaque objet à sa place, linge inclus. Avec des enfants qui passent en tornade, farfouillent dans leurs tiroirs, ça ne durerait pas une journée. Et ce n'est pas juste elles, c'est moi aussi, avec mes piles de linge qui s’accumulent sur mon bureau (linge propre), à terre (linge à laver) et sur la tête de lit (statut indécis). Et parce que le temps manque, j'accumule toujours de la vaisselle dans le lavabo, des papiers sur la table, pis des miettes partout. C'est mietteux, des enfants. J'ai déjà pas le temps de passer l'aspirateur. D'ailleurs, je me demande de quoi ont l'air les maisons de la série, un mois post-tournage.

Dans les deux épisodes qui mettent en scène des familles, les messieurs ne savent pas laver le linge ou ne vont pas dans la cuisine. Je ne sais pas ils sortent de quelle année, ces papas incapables de faire des tâches, mais c'est peut-être le seul point positif de cette série: Marie Kondo enjoint chaque membre de la famille, adultes et enfants, à participer au rangement. Mais sinon, je me range (toumtoumtchi) du côté de Geneviève Pettersen, qui déplorait à Médium large que ce genre de mode tape sur le clou de la culpabilité des femmes en faisant la promotion d'un modèle inatteignable.

Il faut se demander si chaque objet "spark joy"? Mon bordel me spark de la joie, bon. L'abondance de cossins me rassure, comme le fait un frigo plein. J'ai des boîtes pleines d'objets-souvenirs-inutiles. J'en ai plein les murs, des livres tous plus précieux les uns que les autres. Et avant d'apprendre à mes enfants à faire de l'origami avec leur linge, j'ai d'autres combats à (perdre?) livrer, comme manger des légumes et se brosser les dents. Et quand elles sont parties, je veux pouvoir m'évacher devant une série non-confrontante qui ne me fait pas sentir inadéquate dans mon salon en désordre.

Fak je pense que je vais aller ré-écouter les dix saisons de RuPaul's Drag Race et dire à Marie Kondo de sashay away!