Il y eut d’abord le premier cache-cou. Coco le portait depuis déjà deux ans, si bien que lorsque l’on constata sa disparition (laquelle eut lieu de façon plutôt suspecte dans le vestiaire d’un musée, en octobre), on se contenta de hausser les épaules en se comptant chanceux qu’il ait été rentabilisé sur une aussi longue période.

Vint donc le deuxième cache-cou, que l’on acheta dès le lendemain de la disparition du premier, remerciant le ciel que l’on puisse encore raisonnablement espérer en trouver en magasin. Comme le sait bien chaque parent, les articles d’hiver se magasinent en août, et dès janvier, les rares articles invendus sont en liquidation, dans une poignée de tailles et de couleurs à la fin d'un rayon, les autres ayant cédé la place aux maillots recherchés par les familles sur le point de partir dans le Sud. (Ceci illustre d’ailleurs un autre problème, celui auquel se heurtent les familles qui souhaitent partir dans le Sud pendant cette période d’interdiction que semblent constituer les mois précédant les Fêtes. Mais on s’en parlera une autre fois.)

Bien sûr, il aurait fallu en acheter deux. Mais nous étions naïfs. Nous en étions seulement au deuxième cache-cou, t’sais. Malheureusement, le destin de ce deuxième cache-cou était d’aller s’échouer dans un coin noir de l’école (de la cour? du service de garde? Bien malin qui pourrait le dire, en fait.) quelque part au mois de novembre. Les bacs d’objets perdus furent fouillés. L’aide de l’enseignante de Coco fut sollicitée dans le cadre des recherches menées dans la classe. En vain.


Crédit : Giphy

C’est alors qu’entra en scène le troisième cache-cou, ramassé en quatrième vitesse lors d’un arrêt impromptu au centre d’achat entre le bureau et la maison un mercredi soir. Encore une fois, il aurait fallu en acheter deux. Mais nous ne l’avons pas fait. Peut-être pour ne pas tenter le destin, je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que, début décembre, au terme d’une journée à l’école, le troisième cache-cou était allé se réfugier à son tour là où les cache-cou vont pour mourir.

Nous eûmes donc recours au quatrième cache-cou. Et vous me jugerez, mais par manque de temps pour aller virer au centre d’achats — et aussi un peu par écœurement, je l’avoue —, nous sommes allés piger dans la réserve de Bout d’Chou, formée par quelques cache-cou ayant appartenu à Coco à l’époque bénie où tous ses articles revenaient avec lui à la maison chaque soir. C’est ainsi que Coco porta un cache-cou légèrement trop court le reste du mois de décembre et le trois quarts du mois de janvier. C’est là, juste quand nous pensions avoir vaincu la Malédiction du cache-cou, que le quatrième cache-cou fut porté disparu lui aussi.

Mais comment un article pourtant bien identifié peut-il bien disparaître ainsi de la surface de la planète? À quatre reprises, de surcroît? Y a-t-il un trou noir qui attire irrésistiblement les accessoires d’hiver des enfants de 5 à 10 ans? Les astronautes retrouveront-ils un jour les quatre cache-cou (note : compte à jour en février 2019, pourrait changer sans préavis) sur une planète inexplorée, accompagnés de tous les bas perdus dans les sécheuses du monde?


Crédit : Giphy

Oui, si vous vous le demandez, cette fois, nous avons acheté deux cache-cou, en partie parce que le simple fait qu’il en reste deux en magasin au mois de janvier constitue un véritable miracle, et en partie parce que l’existence d’un sixième cache-cou en attente dans l’ombre constitue sans doute le meilleur moyen de contrer la perte du cinquième cache-cou. Ou peut-être pas, mais ça vaut la peine d’essayer.

Là-dessus, je vous laisse, je dois ouvrir un compte dans lequel épargner les sous qui formeront le budget cache-cou de l’hiver 2019-2020.