Mon fils aura 4 ans en juin. Il serait donc en mesure d'intégrer une classe de maternelle de l'école du quartier dès septembre prochain.

Mais voilà. L'école du quartier a une classe bunker dans la cour pour les élèves du 3e cycle. Cette classe ampute l'espace de la cour de récréation du quart de sa surface.  Il n'y a plus de local attitré pour les cours de musique et d'art plastique, faute d'espace. Une partie de la bibliothèque a été relocalisée dans le gymnase. Et en septembre dernier, à la rentrée, la surpopulation était telle qu'il y avait 6 classes de maternelles 5 ans!

Ajoutons à cela un sous-financement chronique, le manque d’enseignant.e.s, de personnel de soutien, de suppléant.e.s et d’éducatrice.eur.s au service de garde.
 


Source : Giphy

Je rêve en couleurs, mais j'aimerais ça voir le ministre de l'Éducation venir passer une journée dans cette école - émule de tant d'autres à Montréal. Qu'il rencontre ce personnel enseignant qui fait des miracles dans ce contexte en réussissant malgré tout à créer un milieu aimant et stimulant. Qu'il leur pose directement la question : « Est-ce qu'on fait fausse route? » Qu'il nous explique c'est quoi son plan, au juste, et où il compte les caser, ces petits cocos? Comment il compte gérer des enfants de 4 ans dans des classes qui n'existent pas, sans matériel adapté, avec un roulement de personnel effarant.

J’aimerais tellement ça, voir le gouvernement Legault prêter l'oreille aux spécialistes qui se relaient jour après jour dans les médias pour dénoncer cette mesure. Qu'ils écoutent quand on affirme que notre réseau de CPE est unique au monde, adapté et rempli de gens compétents et qualifiés pour accompagner les petits. Qu’on devrait prendre soin de ce réseau, le financer adéquatement et le bonifier. Que la petite enfance devrait être respectée et valorisée. Que l'apprentissage par le jeu répond parfaitement aux besoins des bambins dans cette phase critique de leur développement.

J'aimerais tellement qu'ils fassent preuve d'humilité. Qu'ils admettent qu'ils se sont trompés, que leurs promesses électorales étaient bourrées de bonnes intentions mais complètement déconnectées de la réalité des écoles. Que les besoins des enfants, des familles et du personnel enseignant passent avant leur calcul politique.


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L'autre jour, je marchais avec mon fils en jasant de tout et de rien lorsqu'il s'est mis à me parler de « l’école des grands ». Ça tombait bien, on passait justement devant l'école du quartier. Alors je lui ai montré.

« - Tu vois ce bâtiment là? Voilà la grande école où tu pourrais aller.

- Non, maman. Je ne peux pas aller là.

- Pourquoi ?

- C'est trop grand, voyons. Et moi, je suis tout petit. Je dois rester à ma petite école.

- Ouais… Tu as bien raison, mon coeur… »

Pour signer la pétition en opposition au déploiement universel des maternelles 4 ans et pour la valorisation des services éducatifs à la petite enfance, c'est ici!