Aujourd’hui ma petite soeur et moi, on s’entend bien. On aime se voir de temps en temps. On ne se dispute plus, on se comprend et notre complicité est belle à voir.

Pourtant ça n’a pas toujours été rose entre nous. Loin de là.
Ma sœur a souvent été très agressive envers moi. La raison de nos rapports conflictuels? La maudite jalousie. La rivalité entre sœurs.

Plus jeunes, nous étions sans arrêt comparées l’une à l’autre par notre entourage.

Les amis, les profs, même mes propres parents qui pourtant essayaient d’être équitables et justes nous comparaient. Des petites phrases dérapaient : « tu es plus aidante que ta soeur, plus responsable », « fais plutôt comme ta soeur ». Le problème c’est que ça allait toujours dans le même sens. Dans mon sens.
Même sans dire ces phrases, on sentait cette rivalité.

Le pire, c’est que les gens se basaient principalement sur le physique. À l’adolescence, son corps a changé, pas le mien.

Pourtant qu’elle était belle avec ses formes!
Mais à l’époque, il n’y avait pas de mouvement pro-diversité corporelle. Il fallait être ultra-mince pour être belle.

J’étais facile à vivre, sociable. Elle plus craintive et aux rapports plus conflictuels. Et comme elle était très intelligente, elle le savait. Et ça lui faisait mal.

Enfant, j’étais calme, elle très dynamique.
J’étais câline, elle n’aimait pas ça, les becs et les contacts.
J’étais facile, elle était hypersensible.
Peut-on juger un enfant parce qu’il n’aime pas les câlins? Aujourd’hui je réalise combien les adultes ont été wrong dans cette histoire.

Ces comparaisons me donnaient confiance en moi, je l’observais et retenais les « erreurs à ne pas faire » pour plaire aux autres. Et plus je gagnais en confiance, plus elle en perdait.

Tout ça, a crée chez elle une haine envers moi très féroce, surtout à l’adolescence.
Elle m’a déjà rouée de coups une fois, elle m’a humiliée devant mes amis, elle m’a insultée des milliers de fois, a défoncé la porte de ma chambre pour me frapper. J’ai très souvent eu peur d’elle.

Et le pire c’est que cette attitude l’a desservait aux yeux des autres et me donnait encore raison.

Méchant cercle vicieux.

Je ne l’ai jamais détestée en retour, car je comprenais sa souffrance. Je savais qu’elle partait en partie de moi et ça me brisait en dedans.
Je tentais de l’aider, la valorisais.
Mais j’aurais fait n’importe quoi pour qu’elle soit heureuse.
J’ai toujours tout pardonné, je suis toujours revenue vers elle. Je faisais semblant d’avoir oublié les disputes. Pourquoi? Parce que c’est ma soeur, mon sang. Parce qu’on a partagé le même utérus. Parce que je l’aime tant.

Aujourd’hui, elle va mieux, mais lutte contre une forte anxiété, un sentiment d’insécurité constant, une forte peur de l’abandon. Elle en veut à nos parents. Je comprends pourquoi. 

Aujourd’hui j’ai un ptit gars de deux ans que j’aime plus que tout. Et la fameuse phrase « c’est pour quand le deuxième? » qui va avec.

Une part de moi rêve d’un deuxième petit mousse. De voir mes enfants jouer ensemble, les voir grandir et devenir les meilleurs amis du monde. Mais j’ai bien trop peur que le schéma se répète.
Pour moi, frère et sœur riment avec conflit et rivalité.

Je ne suis pas encore sûre de moi, peut-être qu’un jour je changerai d’avis et j’aurai un deuxième enfant. Mais pour l’instant, je ne sais pas. J’ai bien trop la chienne de revivre ce que j’ai vécu à travers mes enfants.

Avez-vous décidé de n’avoir qu’un enfant?
Comment cela est-il perçu ?