En tant que maman et féministe, il va de soi que j’encourage ma fille à se poser des questions sur le système qui l’entoure. Je trouve tellement que nos ados sont plus au fait de ce qu’il se passe dans le monde que nous à leur âge. Dans mon temps, si par exemple une fille ne portait pas de brassière à l’école, elle se faisait traiter de hippie. Les ados ne sortaient pas tant des classes ou dans les médias pour parler d’injustice.

Comme les gens de son âge, ma fille passe du temps sur son téléphone. Je trouve ça important qu’elle ait un cellulaire comme elle a déjà un emploi, qu’elle joue au volleyball et qu’elle garde aussi chez mes amies qui ont eu leurs bébés beaucoup plus tard que moi. Je surveille quand même son utilisation des réseaux sociaux, même si je sais que c’est sa façon de garder contact avec sa famille éloignée, son père et surtout ses ami.e.s du secondaire.

Par contre, j’ai remarqué que ces derniers temps, elle utilise toujours des filtres sur ses photos. Pourtant, je lui ai donné le cour d’Alexandre Champagne sur les photos cellulaires, mais dans les derniers mois, aucune de ses photos Instagram n’est sans filtre de chat, d’animaux ou de rayon de soleil.

Je me suis assise avec elle et elle m’a dit qu’elle n’était plus capable de se voir en photo sans filtre, et elle m’a expliqué que c’est aussi le cas pour beaucoup de ses amies. Je suis tombée en bas de ma chaise. Ma fille, cette petite féministe de 15 ans subit de la pression sociale pour présenter un visage parfait. Je comprends qu’on puisse facilement faire le lien avec le maquillage qui aide beaucoup de gens à se sentir mieux, mais je trouve ça tout de même triste qu’elle ne veuille plus montrer sa face sur ses réseaux sociaux sans filtre.

Je comprends aussi que sur les réseaux sociaux, on veut se montrer à notre meilleur et qu’il est parfois difficile de montrer ses boutons ou ses imperfections. Les gens ont tendance à être méchants et ne savent pas quand se retenir de commenter. En plus à l’adolescence, notre confiance en nous est pas top.

Mais une partie de moi voit aussi que les influenceur.e.s et stars qu’elle suit sur Instagram ne montrent jamais leur visage sans filtre et sans faire extrêmement attention à leur image. Je sais que pas tout le monde est comme ça, mais je ne peux pas croire qu’il y a pas de lien entre les deux. Puis je me dis que c’est le genre de chose dont les créateurs de contenus devraient faire attention. Il n’y a pas de problème à mettre un filtre de temps en temps, mais si c’est toujours l’image qu’on propose, l’image que les petites filles plus vulnérables niveau confiance en soi reçoivent c’est que leur visage n’est pas correct.

En tout cas, on s’est dit toutes les deux qu’on allait travailler là-dessus et que je lui montrerais des gens qui montrent leur vrai visage aussi pour lui montrer que deux trois boutons sur le front c’est pas la fin du monde non plus.