L’amour est un concept abstrait. Je me souviens quand j’étais petite des histoires que me racontait ma mère où l’amour naissait dès le premier regard. Une princesse qui trouvait son prince. Et ils vécurent heureux jusqu’à la fin des temps.  

Tu m'as coupé le souffle, la première fois que je t’ai vu. Avais-je enfin trouvé ce prince charmant que je cherchais depuis si longtemps? Avec toi, il n’y avait que des feux d’artifice. De toutes les couleurs. Nous nous sommes assis pour les regarder ensemble. C’était presque irréel. J’ai remercié la vie, tellement de fois, de t’avoir mis sur ma route.  

Puis dans le ciel bleu, sont apparus des petits nuages. Des petits reproches, des blagues moins drôles, des petites chicanes où tu m’attribuais tout. C’est à ce moment précis qu’elle a commencé, ta douce violence. Les petits nuages se sont multipliés. Quelques-uns ici, d’autres là. Et moi, j’étais assise à les regarder. Je me disais que tous les couples ont des nuages dans leur ciel bleu. Non?  

Je ne sais pas à quel moment le tout s’est assombri. J'ai parfois l’impression d’avoir hiberné pour me réveiller au milieu de ce cauchemar. Quand le premier éclair a déchiré le ciel, j’ai compris que je ne pouvais plus reculer.  

J’ai affronté chaque tempête en regardant mes souliers. De cette manière, je cessais de trembler. Et quand c’était terminé, le ciel s'éclaircissait. « L’orage est loin, il ne reviendra plus » me disais-tu. On s’assoyait ensemble, comme à nos débuts, pour regarder le ciel bleu un instant. Un trop court instant.  

Parfois, je me demande pourquoi je suis restée. Je me culpabilise et je me dis que c’était mon choix. Que quelque part, c’était de ma faute si le ciel grisonnait. J’ai personnifié ta violence jusqu’à m’en rendre malade. Mes vêtements sont devenus trop grands. Mes nuits constamment blanches. Des crises de panique, trop souvent. Le stress qui m'habite encore aujourd'hui. La peur. 

Tu m’aimes, je le sais, mais tu m’aimes mal. Un amour qui tache, de la même couleur que celle du ciel. Ta douce violence, je l’ai vécue à la dure.  De ses taches indélébiles, elle a marqué chacune de mes pensées. C’est la partie la plus difficile à guérir.  

Aujourd’hui, nos routes ont pris des chemins différents. Quand je regarde derrière moi, se creusent dans le sol tes profondes traces de pas. Je sais qu’un jour, le vent soufflera suffisamment pour couvrir certaines d'entre elles. Mais d’autres, les moins visibles, ne s’effaceront jamais.   

J’espère trouver une réponse, lorsque mes enfants me demanderont où est passé mon prince charmant. Par chance, tu n’auras été qu'un passage dans leur vie. Et pourtant, tu auras profondément marqué la mienne.  

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Un prince n’a pas de niveau d’éducation précis. Il n’est ni beau ni laid. Un prince n’est ni homme ni femme. Il n’est pas riche ou pauvre. Un prince ne se détecte pas.  

Une princesse n’est pas responsable des actes de son prince. Elle ne le provoque pas, elle ne le mérite pas. Elle ne reste jamais « parce qu'elle est bien là-dedans ».