Samedi. Première véritable journée de printemps. J’emmène mes petits prendre l’air et participer à une traditionnelle chasse aux cocos dans une ferme. Les enfants sont tout sourires et traquent avec énergie les œufs de plastique colorés. Mais mon coeur n’est pas à la fête. Je suis songeuse.

Je ne sais pas quoi faire de Pâques.


Crédit : Sebastian Staines/Unsplash

J’ai grandi dans une famillle de confession catholique. Pâques a toujours été, et de loin, mon moment préféré de l’année. Mais j’ai beau creuser mes souvenirs d’enfance, la vérité est que tout ce que j’aimais de cette fête tournait autour de son sens sacré.

Ce sens qui se déclinait pendant des semaines avant la dite fête. Faire le carême et se priver de sucreries pendant 40 jours. Apprendre à tisser des rameaux avec ma grand-mère. Écouter religieusement (sans mauvais jeu de mot) l’in-ter-mi-na-ble film sur la vie de Jésus qui repassait à la télé chaque année. Me faire réveiller à l’aube par mon grand-père, le dimanche matin, pour aller cueillir l’eau de Pâques à la source, de l’eau bénie par le « Bon Dieu » avant que le soleil ne se lève, et qui guérit tout...

Trouver sur la table le brunch gargantuesque en revenant de la messe. Le jambon à l’ananas, les bines, et le gâteau au chocolat avec des lapins en guimauve. Toutes ces traditions me lient à un monde qui n’existe plus. Le fond de terroir de mes ancêtres...

J’étais adolescente quand j’ai commencé à m’éveiller à la pensée critique et que j’ai constaté les atrocités commises - entre autres envers les peuples autochtones et les femmes - au nom de la religion catholique. J’ai abandonné ma foi et cette institution à ce moment.

Crédit : Aaron Burden/Unsplash
 

Mes enfants ne sont pas baptisés et on ne parle pas de religion à la maison. C’est pourquoi je reviens à mon malaise de Pâques.

Je n’ai pas envie que cette fête devienne encore une fois un prétexte à enrichir les Dollorama et Nestlé de ce monde. Il me semble qu’on a fait le tour des récupérations commerciales de manifestations culturelles et religieuses. Alors en faire « la fête des lapins et du chocolat », non merci!

Je vis une perte de sens. Si je ne suis ni croyante, ni pratiquante, qu’ai-je à faire de célébrer la fête la plus importante de la religion catholique? Au nom de la tradition? Je ne pourrai jamais offrir à mes enfants toute la richesse des traditions que j’ai reçue, même pas une pâle version. Parce que pour ce faire, je devrais aborder le « véritable sens de la fête de Pâques » .

La transformer pour en faire une « célébration du printemps et de la vie » me semble tout aussi racoleur… Alors je cherche. J’évite. Et pour tout dire, je boude un peu…

En tout cas, ça me remet en pleine face que je n’ai pas encore tout réglé, dans mon coeur et ma tête, au sujet de ma propre laicité… Et que l’ensemble des traditions de notre société se cherchent aussi, visiblement. Alors, si je dois célébrer quelque chose dimanche prochain, que ce soit l’ouverture à l’autre et la tolérance.

Joyeuses Pâques!