Pour beaucoup de femmes, la parentalité est vécue comme une aventure exaltante, pleine de joies et de découvertes. Pour certaines, l’expérience subjective de leur propre maternité ou celle de leur mère est différente. Plusieurs d'entre elles se sont alors tournées vers l'expression artistique pour extérioriser leurs sentiments contradictoires et se réapproprier ce rôle et les symboles qui y sont associés.
 
Je vous présente quelques artistes qui ont poussé leur réflexion vers la subversion. Loin d'une vision idéalisée de la maternité, le travail des thèmes, sujets ou de la matière leur a permis de se libérer du joug de la culpabilité et du poids des tabous pour produire des œuvres fortes et inspirantes.
 

La famille et l’histoire personnelle dans la peau
Artiste :
Catherine Opie
Œuvres suggérées : Self-Portrait/Cutting (1993) et Self-Portrait/Nursing (2004)

Photographe née en Ohio et maintenant basée à Los Angeles, elle a enseigné à Yale et à l’Université de Californie. Ses œuvres ont fait l’objet de nombreuses expositions depuis 20 ans. Sa vision artistique est singulière et captivante.

Précurseure dans les réflexions artistiques, identitaires et de genre sur les communautés LGBTQ et S&M, Catherine Opie a produit une série d’autoportraits présentant une mise en scène à la fois formelle et dramatique, sur un ton très personnel.

Le premier autoportrait suggéré ci-dessus la dévoile dos tourné avec une image gravée dans la peau. Il s'agit de deux filles se tenant la main en face d’une maison. Cette scarification est représentative de son souhait d’épouser sa partenaire et son désir d’embrasser des choix familiaux plus traditionnels. Notons que cette œuvre a été réalisée en 1993! Son propre corps devient le canevas brut portant ses questionnements personnels et contemporains.
 
Quant au portrait de 2004, l’artiste poursuit les références visuelles aux peintures d’Hans Holbein et évoque la joie de la maternité, la vulnérabilité et la force des liens familiaux. Sur sa poitrine sont encore visibles les cicatrices du mot Pervert, gravé dans sa peau et associé à son Self-Portrait/Pervert (1994).
 
À noter qu’une autre œuvre photographique de Catherine Opie fait partie de l’exposition Elles Photographes présentée au Musée des beaux-arts de Montréal jusqu’au 19 février 2017.
 

Quand le sarcasme ne suffit plus
Artiste : Susan Copich
Œuvres suggérées : Mommy Time et Mother’s Milk (2014)
 
Photographe aussi originaire de l’Ohio, Susan Copich utilise l’humour noir, l’ironie et la satire pour souligner les contradictions associées aux normes régissant les rôles de mère et d’épouse dans la famille moderne. Dans la série Domestic Bliss, elle met en scène sa propre famille afin d’explorer les zones d’ombre de la maternité. Ses photographies offrent un rendu qui rappelle les campagnes de marketing illustrant la famille nord-américaine parfaite. Chaque tableau de la série porte une réflexion critique et pertinente sur notre société.
 
L’œuvre Mommy Time renvoie aux nombreuses exigences familiales, de couple et d’apparence qui reposent sur les femmes. Mother’s Milk vise à provoquer en abordant les jugements associés à l’allaitement prolongé et la sexualisation des corps.
 
D'autres créatrices vous seront présentées prochainement.
 
Qu'est-ce que ces œuvres évoquent en vous?