Si les Montréalais savent bien une chose, c’est qu’il y a « Montréal », et il y a « Montréal l’été ».  Les sorties, les parcs, les pataugeoires, les restos et j’en passe.  La vie familiale qu’offrent les ruelles.  Les cliques au parc.  La bière et les parties de ballon entre familles et voisins.  Un mode de vie qui pousse souvent mes amis vivant à l’extérieur à nous questionner: « Vous vous tenez vraiment à la piscine publique? »  Mais oui, tous les jours, tout l’été.

Depuis le début du confinement, j’ai troqué les sorties au parc pour des promenades à vélo et, tous les jours, quand on passe devant les modules et la pataugeoire du Parc Lafontaine, mes enfants me demandent à quel moment nous pourrons y retourner.

« Oublie ça!  Ça ne va pas ouvrir de l’été.  Ce sera une des dernières réouvertures » me dit-on, comme si ce n’était pas important.

Je sais que ça peut sembler futile, mais la vie urbaine extérieure occupe une grande place dans la vie des familles montréalaises.  Et quand on n’a ni cour, ni patio, ni chalet dans les Laurentides…  Ce n’est pas si futile.  La question se pose: ils vont faire quoi, les enfants, cet été?  Et pendant les canicules?  Quand normalement les piscines demeurent ouvertes et gratuites…  On s’entend qu’il ne fera pas moins chaud cet été. 

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Ne me répondez pas des bulles sur le balcon ou de la craie à 2 mètres de distance; ça, ça occupe 2 jours et après, il reste un été entier. 

On semble pressé de s’assurer que je puisse prendre un verre sur une terrasse COVID-proof ou que je puisse rapidement retourner magasiner au centre-ville.  J’entends parler de rues devenues piétonnes, de tables à 2 mètres de distance. Je comprends l’empressement de déconfiner ce qui génère des revenus, mais les enfants, eux?  Où iront les camps de jours montréalais?

Il suffit de passer un samedi après-midi au Parc Lafontaine qui prend des allures d’Osheaga ces temps-ci pour bien voir que, en plein mois de juillet, les gens n’écouteront plus les règles (qui commencent, lentement mais sûrement, à être assouplies par le gouvernement, mais quand même).  On ferme les toilettes publiques pour les remplacer par une seule et unique toilette chimique alors que les parcs sont plus bondés que jamais.  Est-ce qu'on a pensé une seule seconde que ce serait suffisant? La file traverse parfois le stationnement en entier.  Les parents se sont déplacés des modules de jeux au terrain de volleyball, devenu un immense carré de sable. Les couvertures alignées forment des petits corridors où circule la police. Les gens, les familles, ont besoin de sortir, on le ressent bien.  Il va falloir une alternative, pour tous, et ça inclut les enfants.