Je m’étais promis de ne pas écrire sur ce sujet, parce que c’est trop sensible, trop personnel.  Mais aujourd'hui, il faut que je me libère d’un poids pour pouvoir passer à une autre étape.
 
Quand je l’ai rencontrée, j’ai trouvé qu’elle était froide et réservée. Mais en apprenant à mieux la connaître, j’ai découvert tout ce qui se cachait sous cette façade. Certes, elle a de l'orgueil et ne se laisse pas aimer facilement. Mais quand elle ouvre son cœur, il est grand et généreux.
 
Nous avons bâti une belle relation d’amitié, au point qu’elle est devenue une des personnes phares de mon existence. Elle savait tout de ma vie, je savais tout de la sienne. Et en apprenant à mieux la connaître, j’ai constaté qu’elle n’avait pas beaucoup de chance. Le père de ses enfants était un homme paresseux, immature et colérique. Elle n’était pas heureuse dans cette relation à sens unique. Je la regardais faire face à son quotidien en me disant que je devais intervenir. Mais je me retenais, par respect pour notre amitié. Quand elle m’a dit que tout était terminé entre eux, j’ai été soulagé pour elle.
 
Je l’ai trouvé forte dans sa séparation. Je l’ai trouvé également considérablement démunie. Je l’ai aidée, de toutes les façons qu’on peut aider une personne qui nous est chère. Je lui ai donné mon écoute, mon temps. Je lui ai ouvert ma porte. Je traversais avec elle ses moments d’angoisse et de colère. Je l’ai conseillée, peut-être un peu trop.
 
Puis un jour, elle m’a présenté son nouvel homme. Celui pour lequel elle avait mis fin à sa précédente relation. Celui qui l’avait fait revivre, qu'elle me disait. Elle avait l’air si épanouie, j’étais tellement heureuse pour elle. Mais j’ai vite constaté que son prince n’était pas si charmant. À peine mieux que l’autre. Chaque rencontre élargissait le fossé du malaise entre lui et moi.  Quand je questionnais mon amie sur la façon qu’il avait d’être arrogant et autoritaire avec elle et avec tous, elle me répondait que c’était sa façon de tester les gens. Comme si ce n’était pas un problème.
 
Cette fois, j’ai parlé. Après une pénible situation où tout a dégénéré rapidement, j'ai cru que je lui devais la vérité sur mes appréhensions. J’ai dit à mon amie que je ne comprenais pas ce qu’elle trouvait dans cette relation. Du jour au lendemain, tout a basculé. Elle ne m’adressait plus la parole, elle est sortie de ma vie à la vitesse de la lumière. Elle a tout fait pour mettre le plus de distance possible entre elle et moi.
 
Lorsque je l’ai confronté après des semaines de silences malsains, elle m’a seulement répondu que je me comportais égoïstement alors qu’elle est toujours là pour moi. Que je détruisais tout ce qu’il y avait de beau autour de moi. Elle m’a dit que je suis une personne toxique et que mon attitude lui faisait du mal. Qu’elle avait tout fait pour m’aider parce que je ne vais pas bien, et que maintenant elle ne voulait plus le faire.
 
Il y a quelque chose de paradoxal dans ses propos… Comme puis-je avoir son soutien alors qu’elle agit comme si je n’existais plus?
 
Mais, au fond, il y a certains points qu’elle soulève et dont je sens qu’elle n’a pas tout à fait tort. Et ça fait mal. Dans ma détresse et ma peine, j’ai agi impulsivement, maladroitement. Le résultat est désastreux.  
 
Il y a ce point de non-retour dans toute relation, et je crois qu’on l’a franchi. J’ai beau justifier mes agissements tout en prenant une part des blâmes, elle est redevenue cette personne orgueilleuse et froide qui garde ses distances.
 
Depuis, j’ai le cœur en miettes quand j’ai souvenir de nos bons moments. Tourner la page est difficile, car j’avoue qu’elle me manque beaucoup. Mais si elle ne voit que du mal dans mon attitude, il faut que je parte. Si sa nouvelle relation lui dicte de mettre fin à dix ans d’amitié, que puis-je y faire?
 
Adieu mon amie. Je te souhaite d’être heureuse.