J'ai écouté le film The room. C'était une mauvaise idée parce que j'ai peur de tout et que j'ai l'imagination qui part en vrille facilement. Écouter un film qui raconte l'histoire d’une personne qui s’est fait enlever avec son fils et qui est séquestrée avec lui, ce n’est pas bon pour mes nerfs. 

Et en ce moment, mon cher Arthur, je me trouve idiote d'avoir si peur de te perdre. Ça me prend à la gorge et je sais plus comment faire pour arrêter d'avoir peur de te voir un jour partir. Même si je sais parfaitement à quel point nous sommes bien dans notre maison. Que nous sommes privilégiés de vivre ainsi, au Québec, sans guerre pis toute.

Alors, j'aimerais te dire des choses pour ne pas que tu penses que ta maman s'en fait un peu pour rien. 

J'ai de la chance. Ton papa comprend comment je suis. J'ai été te chercher dans ton lit pour te coller sur moi, ce soir-là, après l'écoute de ce film. Ce n’est pas la première fois que je fais ça ni la dernière. C'est un peu la seule place où je sais que tu ne peux pas me quitter, collé sur moi. Qu'on ne t'enlèvera pas ou que si l'on essaie, je serai là pour te protéger. Même si, entre toi et moi, tu sues beaucoup du cuir chevelu et que ta petite tête humide sur mon épaule peut devenir inconfortable : ça me rassure. 

Quand je sens ta main venir trouver la mienne dans la nuit, parce que dans notre sommeil nous nous sommes décollés, je sais que tu vas bien et que ma présence te rassure. Juste pour ça, ça ne me dérangera jamais de te voir dans mon lit. 
 
Ça me fait plaisir de savoir que tu te réveilles (chaque nuit ou presque) pour venir nous rejoindre dans notre grand lit. Ça me rassure toujours. Les fois où tu ne viens pas, je fais exprès pour aller faire pipi pour aller voir si tu respires encore.
 
Je trouve que ça a l'air tellement niaiseux, mon inquiétude, quand je me relis. Je me sens un peu stupide et j'en pleure. En écrivant ces lignes, j’ai juste envie de sortir cette peur irrationnelle de moi, mais je n'y arrive pas. C'est que tu restes la plus belle personne dans ma vie, tu comprends. Et en observant le monde dans lequel je t'ai eu, c'est facile de partir en peur. En fait, facile comme regarder un film inquiétant et juste vouloir te coller près de moi.
 
Je sais qu'un jour tu ne voudras plus dormir dans notre grand lit, te coller pour me rassurer. Ce sera tough à vivre, mais je ne vais pas t'en vouloir. Je vais repenser au temps où tu étais accroché dans ma bedaine et je vais sourire. Je vais te sentir les cheveux à la volée quand tu vas passer près de moi. Je vais laisser la veilleuse du corridor allumée, juste au cas.
 
Mais pour l'instant, ce soir, tu vas avoir chaud collé sur mon cœur. Juste pour pas que j'aie peur!