Cette discussion, pour le moins inusité, a débuté en août 2015, la veille du 5e anniversaire de mon mini. Quand Fiston m’a demandé quel âge j’aurais à ma fête à moi, j’ai répondu : « 27 ans. Je suis vieille hein? ». Malheur. J’ai vu son petit visage changer si rapidement de la joie au torrent de larmes. Ce qui devait être une blague, fut en fait le début d’une (longue) explication de choses bien trop sérieuses pour un petit bonhomme de 5 ans. Mon fils a compris, ce jour-là, que maman était plus vieille que lui. Et qu’elle quitterait ce monde un jour #DeepConversation.
Après avoir expliqué à mon garçon que, oui, un jour je finirai par quitter ce monde (et le rassurer en lui disant que ça n’arriverait pas de sitôt), cette conversation est par elle-même tombée dans l’oubli. Jusqu’à la semaine dernière.

Un petit garçon de 13 mois est décédé dans ma région. Si soudain. Si tragique. Un accident tout simplement. Le pire cauchemar de tous les parents de ce monde. Faire face à une situation inimaginable. Et être impuissants. Et il se trouve que l’un des parents est une connaissance. J’ai côtoyé la maman via une ligue d’improvisation. Nous sommes amies sur Facebook. J’ai donc « vu » naître et grandir Caleb. J’ai vu des photos de soupers, les anniversaires, Noël, les photos de famille. C’était donc tout naturel pour moi de me déplacer au salon funéraire pour faire part de mes condoléances aux parents.

Ce qui n’était pas prévu, c’est que, faute de gardienne et ne voulant pas rater cette occasion, j’y ai amené mon fils de 5 ans. J’ai voulu, de mon mieux, préparer mon fils à cette visite au salon funéraire avant d’y aller. Mais comment prépare-t-on son enfant à ça? Comment nous expliquons ce genre de choses? Sans entrer dans les détails, je lui ai expliqué qu’un papa et une maman que je connais ont perdu leur petit garçon. Qu’il lui était arrivé un accident à la garderie et qu’il était décédé.

À notre arrivée, mon petit homme sensible n’a pu s’empêcher de verser des larmes en entrant dans la salle. Une fois devant les parents, les larmes me sont montées. Mon fils dans les bras, nous avons ensemble offert nos condoléances aux parents. Et puis, avec tout le courage que son petit corps contient, il a tenu à m’accompagner pour se recueillir devant le cercueil du beau Caleb. Et c’est là qu’il a dit : « Tu sais ce qui est triste maman? Caleb il ne faisait que commencer sa vie. Maintenant, il est au paradis. Mais son corps lui, va rester faire dodo ici. »

J’ai éclaté. Mon garçon de 5 ans n’était pas choqué ou déstabilisé. Il comprenait. Avec tout son grand vécu, il arrivait à comprendre l’ampleur de ce dont il faisait face et à ressentir toute la compassion du monde pour le petit garçon devant lui.

J’ai réalisé, à ce moment précis, que peu importe la préparation, y être confronté est bien différent. Mais que rien ne prépare mieux un enfant aux expériences de la vie que la vérité. Et cette vérité, aussi difficile soit-elle, mérite d’être dite aux enfants. La vie, ce n’est pas qu’un long fleuve tranquille et paisible. Parfois, elle nous fait de mauvaises surprises. Et d’autres fois, elle est injuste. Malgré quelques regards réprobateurs, je suis contente de l’avoir amené avec moi. Ce soir-là, nous avons partagé lui et moi, un moment précieux.

Cela ne sert à rien de faire croire aux contes de fées : personne n’en vit éternellement. Certains quittent ce monde bien tard, d’autres beaucoup trop tôt. Cela fait tout simplement partie de la vie.