Je deviens « grosse. » B'en oui. C’est normal parce que, t’sais, je suis enceinte. J’ai fait ce choix-là, moi, dans ma vie, de faire pousser un être humain dans mon ventre pour ensuite l’expulser et l’élever du mieux que je peux. En attendant qu’il naisse, ce bébé-là, c’est normal, que je prenne du poids, que mon ventre s’arrondisse, que mes seins grossissent.

Je vais peut-être même faire de la rétention d’eau et avoir l’air du bonhomme Michelin qui retient son souffle.

Mais tu sais quoi? C’est b'eeennn correct de même. Je ne vis AUCUN malaise. Si ce n’est celui que je ressens quand on me dit : « Hen? T’es enceinte? Inquiète-toi pas : ça paraît pas! »

Inquiète? Pas pantoute : je porte un enfant et je veux que la Terre entière le sache. Je veux que ça paraisse et, comble de chance, ça paraît en maudit! Parce que ça ne fait que 9 semaines et les gens qui s’y connaissent là-dedans, c’est-à-dire infirmières, accompagnantes à la naissance et amis qui me côtoient depuis toujours savent que j’ai une grosse bedaine pour 9 semaines de grossesse.

Ce ne sera pas une fierté ou une honte, le poids que je prendrai pendant ma grossesse. Parce que, hey, je m’apprête à donner la vie. Mon corps est en train de fabriquer un petit être humain : c’est-tu pas assez impressionnant? Et de cela, je suis fière.

Et c’est justement parce que je me sentais vraiment rendue là dans ma vie que mon poids par rapport à mon enceintitude m’importe si peu.

Parce que oui, il m’est arrivé, par le passé, d’avoir peur des changements de mon corps, que je n’ai jamais apprécié à sa juste valeur, d’ailleurs; de mes hanches qui vont prendre de l’ampleur, des vergetures qui vont strier mon ventre, mes seins, mes fesses et probablement mes cuisses.
Mais à 28 ans, alors que dans 7 mois, je verrai ma famille s’agrandir, je m’en contrefiche, de ces changements corporels. Parce que, justement, je n’ai jamais apprécié mon corps à sa juste valeur.

Et pour la première fois depuis toujours, je suis fière de mes courbes nouvelles, de mes formes féminines et de mon foutu ventre que je ne tente plus par tous les moyens de dissimuler sous un chandail ample ou savamment plissé juste là où il le faut. Même si en théorie, je ne devrais pas m’en soucier (parce qu’on s’en fout et qu’en plus, je réponds supposément aux standards de beauté). Mais on ne vit pas en théorie. On vit en pratique et en pratique, il en est allé autrement depuis les dernières années.

Sauf depuis quelques semaines. Sauf depuis que je me pavane avec ma bedaine. Sauf depuis que j’ai compris qu’avec cette grossesse, j’avais également la chance de repartir à zéro avec le « nouveau » corps duquel je serai affublée après avoir donné naissance.

Alors, oui, mesdames, ça paraît que je suis enceinte. Et non, je ne m’inquiète pas du tout que ça paraisse déjà pas mal en tout début de grossesse.

Et j’ai déjà quasiment hâte d’aimer mes nouvelles vergetures.