Partie 1

J’étais donc enceinte de 32 semaines et deux jours. Cette journée-là, je devais aller au musée avec mon amie Isa. Épuisée, le plus loin je me suis rendue est mon divan.

La journée passe, je n’ai plus d’énergie. Je fais le souper, on écoute un match du Canadien. La fin de la première période approche quand je sens quelque chose couler. Je me rends à la salle de bain qui est à quelques mètres et SPLASH!

À partir de ce moment, je crois que j’ai fait tout ce que je n’aurais pas dû faire. Sur un étrange pilote automatique, j’ai d’abord brossé mes dents, puis appelé la maternité pour savoir si je devais préparer ma valise. Une fois stationné à l’hôpital, j’ai préféré marcher… Je comprends mieux maintenant le regard douteux de l’infirmière quand, calme et sur mes deux pieds, j’ai dit : « Oui, je viens d’appeler, 32 semaines et j’ai crevé mes eaux. »

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Après examen, la médecin croit qu’il y a encore assez de liquide pour prolonger de deux semaines. Vers 22 h, on m’installe dans ma chambre. Plus le temps passe, plus j’ai mal au ventre. Au lieu de s’arrêter comme elles le devraient, les contractions se rapprochent et s’intensifient.

Vers 4 h du matin, on m’examine. Un petit pied commence à faire son chemin. On me prépare d’urgence pour une césarienne. J’attends sur une civière. J’ai des contractions, mais je ne peux adopter aucune position plus agréable. J’ai juste hâte que ça s’arrête.

On m’installe dans une salle de chirurgie glaciale, j’y attends l’anesthésiste dans ma tenue d’Eve. Ha! L’épidurale fonctionne à merveille. Je peux mieux me concentrer sur la naissance imminente de mon garçon. Un champ opératoire est installé afin de me bloquer la vue. J’essaie, tant bien que mal, de suivre le déroulement. Je comprends qu’il est né quand on demande à mon amoureux de couper le cordon. Puis, rien.

Une infirmière commence à me parler, à me rassurer. Je ne suis capable de me concentrer que sur cette autre voix qui compte, mais semble toujours recommencer à un. En fait, j’essaie d’entendre une seule chose : mon bébé émettre un son. Mais un bébé de cet âge, ça ne fait pas beaucoup de bruit. Je sens l’atmosphère tendue et j’attends, impuissante.  

Soudainement, toute cette tension tombe. Dans tout le charabia médical, je comprends que mon garçon va bien, mais qu’il a des difficultés respiratoires. On me le montre rapidement, avant de l’emmener en néonatalogie. Notre première rencontre n’aura durée qu’une seconde. Le temps de lui dire « Allô ».

Quelques heures plus tard, on m’explique que la césarienne s’est bien passée, mais qu’ils ont du faire un « T » inversé. Malgré sa très petite taille, mon fils avait la tête coincée dans la corne de mon utérus!

Notre première rencontre a finalement eu lieu huit heures après sa naissance et j’ai goûté au bonheur du peau-à-peau deux jours plus tard.


Crédit : Evelyne Pelletier
 

Quel genre d’accouchement vous a causé votre petit utérus cornu? Vous a-t-il aussi réservé des surprises?