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Quels sont les plus grands défis auxquels vous avez eu à faire face?

L’argent au moment du divorce. Maintenant, c’est simplement la gestion de la salle de bain le matin! Être quatre (voire six la fin de semaine en comptant les amis) à devoir se préparer dans un court laps de temps, ça peut créer des tensions! 

Quelles sont les pratiques parentales que vous encouragez dans votre famille?
La discussion et la responsabilisation : chacun sa tâche, son temps, son rôle. Le respect de l’espace et du besoin d’intimité est aussi de mise : quand une porte est fermée, même celle de la plus jeune, on cogne avant d’entrer. Nous sommes des êtres humains sur le même pied d’égalité : il y a une hiérarchie familiale (les petits écoutent les grands, ça va de soi), mais personne n’est privilégié.
 

Crédit : Cindy Baril

Ce que j’ai cherché à éviter, c’est qu’ils soient traités différemment : JAMAIS on n’a utilisé les termes « demi-frères », « demi-sœurs » ici. Et si je vais dans la famille de l’un, les autres, non seulement viennent, mais sont traités comme des membres de la famille. Si pour Noël, l'un a des cadeaux, les autres en ont aussi, qu’on soit dans « leur » famille ou pas. C’est très important pour moi : ils sont frères et sœurs et font partie d’une même famille. Si tu en acceptes un, tu acceptes aussi les autres. On vient en bunch ou on reste chez nous!
 
Crédit : Cindy Baril 
 
De quoi êtes-vous le plus fiers?
D’être restés une famille, justement! D’avoir traversé les eaux troubles de la séparation et des batailles pour la garde, ensemble. D’être restés unis et complices. Ce qui surprend souvent les gens, c’est l’harmonie et la joie de vivre qui règnent chez nous!  On projette souvent sur moi une tâche plus grande qu’elle ne l’est réellement. On me soupçonne constamment d’être débordée, alors que ce n’est pas le cas. Somme toute, nous sommes une famille très « normale » au quotidien, à cette différence près que l’énergie qu’ils mettraient peut-être à se chamailler si on était deux pour les endurer, ils la mettent de côté pour que notre barque reste à flots. Et ils se rendent utiles dans la maison!
 

Crédit : Cindy Baril
 
Comment appréhendez-vous le futur?
J’ai un peu peur du jour où l’un des deux plus vieux quittera le nid, et encore plus de celui où je serai seule : je vais me sentir dépossédée de mon rôle de mère nourricière-ménagère-gestionnaire! J’aurai eu, durant ma vie active d’adulte, des enfants à charge durant minimum 33 ans : ça donne le tournis rien que d’y penser. L’idée de me retrouver désœuvrée encore plus!
 
Crédit : Cindy Baril
 
Qu’aimeriez-vous dire aux parents qui ne sont pas dans votre situation?
Que ça va, tout est sous contrôle! Que de mon humble point de vue, il est plus facile de s’occuper seule de trois enfants – même de pères différents – que de s’échiner à faire fonctionner un couple mort intérieurement, mais tellement parfait de l’extérieur. Que le concept de famille ne réside pas dans un code génétique, dans un nom partagé, mais bien dans les liens qui se tissent entre des individus. Si c’est vrai qu’il n’y a pas de famille parfaite, aussi bien assumer et célébrer son imparfaite unicité!
 

Crédit : Cindy Baril - les 3 enfants, complices