Je vis beaucoup d’angoisse lors de mon deuxième trimestre.

En grossesse à risque, ce n’est jamais le même médecin qui est là lors des rendez-vous. Parfois, j’ai la chance que ce soit Dr Zen, qui me dit toujours que tout va bien. Mais souvent, je vois Dre Panique, vous savez, celle qui connaît par cœur les statistiques de morbidité et de complication d'une grossesse comme la mienne.

Je ne sais jamais à l’avance à quel médecin j’aurai affaire et j’ai tellement peur qu’on m’indique un quelconque problème lors de mes suivis que je ne peux me résoudre à aller seule à mes rendez-vous. Je sais très bien que si on m’annonce une catastrophe, je serai à ramasser à la petite cuillère. J'ai instauré des tours de garde avec mes amies, elles m’ont donc accompagnée lorsque l’homme ne pouvait se libérer du travail et elles avaient le rôle de rester rationnelles si on m’apprenait une mauvaise nouvelle.

De plus, j’ai l’impression que mes poumons souffrent de ma grossesse et j’ai un peu l’impression que ma situation tombe entre deux chaises. C’est-à-dire que l’équipe médicale qui s’occupait de la FK et de la grossesse s’en remettait à mon pneumologue spécialiste de la FK, et que mon pneumologue mettait ma dégradation pulmonaire sur le dos de ma grossesse (on se comprend, dans ma petite clinique de région, il a peut-être vu un maximum de 10-15 femmes FK enceintes).

À ma 23e semaine de grossesse, je passe un test de fonction pulmonaire qui révèle que ma capacité pulmonaire a baissé de 17 % depuis le début de ma grossesse. Ça m’inquiète, mais on me dit que c’est dû à la grossesse, que je dois accepter ce nouvel état…

Lorsque j’ai franchi la 24e semaine de grossesse, je me suis sentie tellement soulagée. Désormais, mes bébés sont viables s’il arrivait une quelconque situation exigeant un accouchement.

C’est le cœur à la fête que je me présente à mon suivi de grossesse.

Crédit : Giphy

Mais, par malchance, j’ai affaire à Dr Panique à ce rendez-vous…

Elle m’explique d’emblée que c’est loin d’être gagné, même que je m’apprête à traverser la période la plus critique de ma grossesse. S’il était advenu un pépin avant 24 semaines de grossesse, pour elle, ça aurait été un moindre mal : les bébés seraient tout simplement morts. Mais là, s’ils se décident à sortir dans les prochaines semaines, c’est bien du trouble, des bébés prématurés.

Cette réalité crue me plonge dans un état d’esprit à des kilomètres de la fête…

Je sors de ce rendez-vous complètement démoralisée, moi qui commençais à croire réelles mes chances de rencontrer mes bébés un jour, elle remet un doute dans ma tête et remet bien en place toutes les craintes que je nourris depuis le début de ma grossesse.

Je commence à constater que je ne vis pas cette grossesse sereinement. Toujours dans l’angoisse, la peur et la frustration. Même si je l’ai désirée plus que tout, j’ai de la difficulté à être bien dans mon corps et dans mon esprit.

Avez-vous vous aussi déjà eu affaire avec une Dre Panique? Malgré une grossesse plus que désirée, avez-vous ressenti de la culpabilité de ne pas apprécier votre état?