Chaque semaine, depuis le mois de septembre, Faces of postpartum publie le témoignage d’une femme racontant les balbutiements de sa maternité. 4 photographies sont mises en ligne, accompagnées du récit retraçant l’expérience particulière d’une femme dans son « devenir mère » : ses difficultés, ses joies, ses rencontres, ses défis, ses découvertes… Une manière de « documenter la période post-partum dans ses (im)parfaites variations ».
 
J’ai découvert Faces of postpartum un peu par hasard, au tout début du projet, et j’ai tout de suite été touchée par la sensibilité - la générosité - qui se dégageait de la plume et des photographies d’Ariane, l’instigatrice du projet. Les témoignages étaient forts, touchants, si « vrais » dans l’expression des différentes expériences qui peuplent le début de la maternité. J’ai eu envie d’en savoir un peu plus. Voici donc une entrevue avec celle qui tend le micro aux femmes pour montrer la diversité et la rencontre des expériences du « devenir mère ».

Ariane et sa fille Lou. Originaire de Montréal, Ariane vit maintenant avec sa famille en banlieue de Washington, aux États-Unis.
Crédit : Faces of postpartum/Facebook

Comment est né le projet Faces of postpartum?
Une nuit, à l’hôpital, alors que j’étais internée pour dépression post-partum et anxiété, j’ai eu l’idée de créer une communauté où des mères pourraient partager leurs expériences du post-partum et s’offrir du support, dans le respect et la gentillesse. Le même support que je recevais moi-même, alors que je traversais cette période. Ce serait un projet dans lequel je pourrais m’investir avec passion, qui allierait mes différents intérêts (l’écriture, la photographie, la rencontre), et me permettrait aussi de faire autre chose que seulement changer des couches!
 
 

Jennifer, Montréal QC
Crédit : Faces of postpartum/Facebook

De retour à la maison, j’ai pris le temps d’aller mieux. Mais dès que je m'y suis mise, je me suis rendu compte que le projet me fournissait un cadre de création : chaque semaine, je devais publier un nouveau témoignage. Je devais maintenir le rythme, et cela me donnait le sentiment d’accomplir quelque chose, régulièrement. Ça me motivait à me lever le matin : je travaillais avant que ma petite se réveille, et j’étais ensuite plus présente auprès d’elle. Je rencontrais des femmes brillantes, éloquentes, et je me donnais la permission de parler de la maternité, librement, en connectant avec elles. Tout ça me faisait beaucoup de bien.
 
Qu’as-tu appris en rencontrant toutes ces mères?
D’abord, le fait que nous avons toutes une histoire unique. Beaucoup de femmes me disent : « je n’ai rien à raconter ». Et pourtant, à chaque fois que je m’assois avec l’une d’elles, les mots dévalent et forment un récit fort et particulier. En même temps, il y a aussi quelque chose de fondamentalement commun à cette expérience de devenir mère (dans toutes ses variations) : l’intensité, ou peut-être est-ce l’expérience de la découverte? Toute histoire est fondamentalement unique, singulière, mais pourtant, je me reconnaissais dans chacune.

 Laura, Dumfries VA
Crédit : Faces of postpartum/Facebook

Aussi, j’ai mesuré à quel point nous voulons toutes être entendues, dans la vie que nous menons comme mère. L’espace de la domesticité a une valeur, et on cherche à ce que cette valeur soit reconnue par les autres. Nous devons affirmer le droit de parler de la maternité encore et encore, entre autres en littérature : c’est un sujet pertinent et puissant.
 
Et finalement, dernière chose que j’ai apprise : la rivalité entre femmes n’existe pas. C’est une représentation qu’on voit partout, à la télé, dans le sens commun, que les femmes à la maison sont des « bitches » en compétition entre elles, mais c’est complètement faux! On veut juste des amies, on veut juste connecter, au fond.

Denise, Montréal Nord
Crédit : Faces of postpartum/Facebook 

Est-ce qu’il y a des « thèmes » qui reviennent dans les témoignages, des sujets récurrents abordés par les mères ? 
Partagée par plusieurs femmes, il y a cette conviction qu’elles n’ont pas le droit de s’effondrer. Que si elles s’arrêtent pour parler de leurs difficultés, ou pour s’accorder un temps pour prendre soin d’elles, leurs enfants ou leur famille en souffriront. Comme si elles étaient un pilier qui ne peut pas faillir.
 
Aussi, beaucoup s’expriment face aux phases difficiles qu’elles ont vécu en disant qu’elles croyaient que c’était ça, la maternité. « J’étais misérable, mais je pensais que c’était ça, être mère ». Souvent, quand les choses vont mieux pour elles par la suite, elles ont une prise de conscience sur le fait que la maternité peut aussi être une expérience heureuse, pleine de joie, mais que ça passe par une reconnaissance de ce qu’elles font, par le fait d’être entendue. 

Pour en apprendre encore plus sur Faces of postpartum, ne manquez pas la suite de l’entrevue, en ligne demain!

Ariane est toujours à la recherche de nouveaux témoignages. Pour participer au projet, communiquez avec elle par courriel : facesofpostpartum@gmail.com
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