Tous les enfants naissent avec des besoins. Pour ma fille, communiquer était bien en haut de la liste, ex-æquo avec manger. À deux semaines, elle ouvrait la bouche toute grande, se tordait le visage pour émettre un petit couinement chaque fois que je lui parlais. Ma mère me disait : « Elle va avoir des choses à dire! » Et elle avait raison!

Bien vite, ma fille est devenue un vrai moulin à paroles. À 3 ans, elle avait un vocabulaire ultra riche, une très bonne syntaxe et tout le monde comprenait son petit grand babillage. J’en crevais de fierté. Avec tout ce que cette enfant a dit (phrases mignonnes, raisonnements rigolos), je pourrais en écrire des chroniques.

Mais, comme toute bonne chose a aussi un côté sombre, j’aurais parfois préféré qu’elle ne soit pas si bavarde. Elle disait TOUT ce qui lui passait par la tête. Sans filtre. Tout était clairement prononcé. Et clairement entendu. Alors, elle a dit souvent des choses qu’on ne dit pas en société. Il fallait faire attention à nos paroles, car elle répétait tout, à sa façon. Elle nous a souvent mis dans l’embarras.

Voici trois anecdotes qui ont créé des malaises...

À l’épicerie, elle est assise dans le panier alors que je suis absorbée par mes achats. Comme bien souvent, je l’écoute distraitement et je réponds par monosyllabe.

- Maman, quand on a un gros ventre, ça veut dire qu’on est enceinte?
- ...Hmm
- Et si on a un gros ventre, mais qu’on n’a pas de bébé dedans, ça veut dire qu’on mange trop?
- ...
- On ne peut pas être enceinte quand on est une petite fille?
- Non
- Mais quand une petite fille a un gros ventre, ça veut dire qu’elle mange trop?

Et là, je réalise que je devrais vraiment faire attention à ce qu’elle me dit. À côté de nous, il y a une mère et sa fille... La fille n’a rien entendu (fiou!), mais la mère me lance un regard assassin. On change vite d’allée.

Crédit : Giphy

Début de la propreté. Quand votre enfant vous demande d’aller aux toilettes, vous y allez illico presto. Je la laisse faire son petit besoin et j’en profite pour y aller après. Et je suis dans ma semaine. Lorsqu’elle voit la serviette dans ma petite culotte, elle s’écrie : « Maman!  Est-ce que tu vas mourir? Pourquoi est-ce qu'il y a du sang? »

Et plus j’essaie de la calmer, plus elle en rajoute. Elle est très drama queen, ma fille. Quand on se lave les mains, je vois les sourires en coin et les regards qu’on nous jette. Ma fille a fait son show.

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Voici un petit bijou de honte. On visite une école pré-maternelle. Il y a un joli lapin dans la classe, et l’éducatrice le sort pour nous le présenter. Alors que ma fille caresse la petite boule de poil, la gentille dame lui demande si on a des animaux à la maison. Et ma fille de répondre : « Avant on avait un chat, mais mon père déteste les chats. Il les lance au loin. » Je ne sais pas ce qui était le plus comique à ce moment-là, les yeux de l’éducatrice, ou les miens!

Pour ma défense, voici la version complète de cette histoire. On a effectivement eu une chatte dont on a dû se départir parce qu’elle était agressive. Je pense qu’elle vivait mal le fait qu’on ait un bébé. Elle griffait ma fille qui jouait tranquillement dans son coin, sans raison. Mon conjoint était exaspéré par cette situation, mais moi je trouvais crève-cœur de me débarrasser de mon chat. J’espérais candidement qu’elles allaient trouver une harmonie bien vite. Une fatidique fois, la chatte a (littéralement) sauté à la gorge de ma fille. Gratuitement. Alors, oui, mon conjoint a tassé le chat un peu violement, et oui, il a rebondi dans le mur. Cette histoire a été racontée à notre fille, pour notre plus grand malheur. Maintenant, nous passons pour des adeptes de la cruauté animale.

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Vous comprenez mieux mon malaise lorsqu’elle a commencé à aller jouer chez d'autres enfants. Lorsque les parents, fascinés par sa volubilité, me disaient : «  C’est drôle, les choses qu’elle nous a dites! » Et moi, je souriais, mais j’avais mon petit hamster qui courait vite vite dans ma tête : Mais qu’est-ce qu’elle a pu dire?