Avant même que mon fils commence à manger, on a remarqué que quelque chose clochait. Il devenait rouge sur le torse et se tortillait après que je l’allaite. Son visage s’enflait quand on lui donnait un bisou après avoir mangé. Son eczéma s’empirait malgré toutes nos visites chez la dermatologue et l’acupuncteur. Nous avons mis un certain temps à comprendre ce qu’il se passait puisque ni mon chum, ni notre fille aînée ou moi n’avons d’allergies alimentaires.
 
 Lors du premier rendez-vous avec l’allergologue, on m’annonce qu’il est allergique au lait (la caséine), aux œufs et aux arachides. Je ne me doute pas encore que ce n’est que la pointe de l’iceberg de ses problèmes alimentaires. Dans les mois qui suivent, sa liste d’allergies qui nécessitent une épipen s’allonge, il a également le seipa (aussi appelé fpies) et presque toute la nourriture lui donne de l’urticaire lorsqu’il mange. 
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Nous avons fait des erreurs au début, on a sous-estimé le risque de la contamination croisée. Après quelques incidents, nous avons décidé d’éliminer de la maison toute la nourriture à laquelle mon fils était allergique en plus des aliments qui lui causaient des réactions sévères de seipa (soit vomir au point de s’évanouir). Pour l’aider à guérir, j’ai décidé de continuer à l’allaiter, en suivant sa diète spéciale. À un certain moment, j’ai quitté des groupes de soutien pour les allergies parce que je voyais des nouvelles d’enfants décédés à la suite de réactions allergiques et ça me hantait. J’avais l’impression que chaque repas était comme jouer à la roulette russe. On ne savait pas quand on allait finir à l’urgence.
 
L’heure du repas est devenue extrêmement anxiogène. La plupart des repas finissaient par mon fils qui réagissait soit en vomissant, en se grattant ou en s’étouffant. C’était pénible pour toute la famille. Il n’avait plus envie de manger et honnêtement moi non plus. J’étais épuisée et démunie de le voir en constante réaction. Pour ma santé mentale, j’ai décidé de stopper l’introduction de nouveaux aliments durant plusieurs mois afin que mon fils reprenne le goût de manger et pour que je redéveloppe une relation plus saine avec la nourriture.
 
Mon chum allait à des fêtes et des week-ends entre amis avec notre fille pendant que notre fils et moi, on restait à la maison pour éviter d’avoir à gérer tout le stress lié à la nourriture. Il y avait des rumeurs qui couraient qu’on allait se séparer parce qu’on faisait ça, alors que ce n’était pas du tout vrai. Mon fils a des problèmes alimentaires, mais pas notre fille, c’était difficile à gérer pour elle aussi. La plupart des gens ne comprenaient pas le stress immense que ça apportait sur toute la famille ni l’étendue des problèmes alimentaires de notre fils.
 
Maintenant, je vois mon fils qui, a 3 ans, peut manger tellement de choses, qui a accès à un traitement pour désensibiliser ses allergies alimentaires sévères et qui a un allergologue qui nous a redonné tellement d’espoir et j’en suis reconnaissante au point de pleurer de joie. Il a eut beaucoup de hauts et de bas, mais on voit enfin une lueur au bout du tunnel.