Dans deux semaines, j’irai inscrire Coco à la maternelle. Il fera son entrée à l’école l’automne prochain. On dirait que ça ne se peut pas.

Il me semble que c’était hier que, un peu nerveux, nous l’avons ramené à la maison après sa naissance à l’hôpital. Je me vois encore le sortir de sa coquille avec empressement avant de me rendre compte que je n’avais nulle part où le déposer — tous les articles de bébé, y compris le parc et la chaise vibrante, étaient encore au sous-sol, non assemblés. C’était hier, cette première nuit à la maison, celle où personne n’a dormi parce qu’il était 6 h quand nous avons finalement réussi à le coucher.

C’était hier que je me levais toutes les nuits pour l’allaiter. Elles ne sont pas si lointaines, toutes ces heures passées dans la pénombre de sa chambre à le regarder boire paisiblement et se rendormir... et à me demander si j’allais attraper un peu de sommeil moi aussi.

C’était hier, les premiers vaccins, les rendez-vous chez le médecin, les premiers bobos, les premiers rhumes, les premières fièvres, mes incertitudes de nouvelle maman et mes (nombreux!) appels à Info-Santé.  

C’était hier qu’il a fait ses premiers pas, en riant aux éclats tellement il était excité de voir qu’il se déplaçait seul. C’était hier, ses premiers mots — pas d’émouvants « maman » ou « papa », non, de très fonctionnels « allo » et « encore ». C’était hier qu’il enchaînait des petits prononcés à peu près pour raconter et questionner.

C’était hier, les longues périodes d’anxiété à l’heure du dodo, les heures que j’ai passées debout dans le cadre de porte de sa chambre, jusqu’à ce qu’il cesse de lever la tête pour vérifier que j’étais toujours là et s’endorme enfin. C’était hier, ses pas qui résonnaient au beau milieu de la nuit dans le couloir et jusqu’à notre lit, dans lequel il venait se réfugier pour se rassurer.

C’était hier, son premier vélo, un vélo-équilibre, et le jour où il a réclamé un « vélo à pédales » pour son anniversaire. C’était hier que nous lui avons enlevé ses petites roues et qu’il a passé le reste de l’été à faire des ronds au parc, inlassable.

C’était hier qu’il est devenu grand frère, un rôle qu’il a assumé tout naturellement, comme si ça allait de soi. C’était hier qu’il s’assoyait sur le divan pour prendre son frère dans ses bras et qu’il réclamait son verre de lait pour le boire à côté de nous dès que je devais allaiter.

Tout ça, c’était hier.

Pourtant, bientôt, il quittera la maison tous les matins avec son sac à dos et sa boîte à lunch, comme un grand. Bientôt, il sautera à pieds joints dans l’inconnu, rencontrera de nouvelles personnes et s’intégrera à un nouveau milieu, à une nouvelle routine. Il continuera à grandir, il apprendra des tas de nouvelles choses, et bientôt ce sera peut-être lui qui lira l’histoire avant le dodo pour lui et son petit frère

Il deviendra de plus en plus indépendant et sera de moins en moins mon bébé. Ce sera extraordinaire et irréel à la fois. Il forgera sa personnalité, ses idées et ses opinions à lui. Et je serai fière de lui. Vraiment. Je trouve tellement ça beau à regarder, déjà.

On dirait juste que ça ne se peut pas.