Les livres sont une source intarissable de divertissement et d’informations. Apprendre à nos enfants à aimer lire, c’est leur donner des clés de curiosité, de culture, d’imaginaire, de logique et de connaissances qui leur permettront d’ouvrir des portes sur eux-mêmes et sur les autres.

Une porte qu’on n’a pas assez ouverte en tant que Canadiens blancs, c’est celle du monde autochtone. Dans mes cours d’Histoire, j’ai appris qu’il y avait jadis des nomades et des sédentaires. Je n’ai pas appris pourquoi, aujourd’hui, il y a des réserves. Je n’ai pas appris que les femmes autochtones disparaissent dans l’indifférence populaire. Je n’ai pas appris comment on avait arraché des enfants à leur famille dans un génocide culturel ignoble. C’est dans la vingtaine, en lisant un roman de Michel Jean, Le vent en parle encore, que j’ai compris ce qu’étaient les pensionnats autochtones. Je vous conseille vivement cette lecture.
 


Un roman à l'histoire fictive, mais basée sur des faits réels. Une lecture essentielle. 
Crédit : Éditions Libre-Expression

 

Puisque nous voulons que nos enfants soient meilleurs que nous, il importe de leur expliquer que notre Histoire comporte aussi des chapitres d’horreur. N’attendons pas qu’ils aient vingt ans. Il y a certainement des mots qu’ils pourront comprendre, qui sèmeront le début d’une ouverture à l’autre. Bien sûr, il y a loin de la coupe aux lèvres. C’est encore ici que les livres peuvent nous aider.

Quand on était seuls est un ouvrage magnifique sur les pensionnats autochtones. Il s’adresse aux enfants de 4 ans et plus et à leurs parents. Je vous conseille de le lire seul d'abord, parce que l'histoire risque de vous émouvoir. Alerte au trémolo dans la voix si vous le lisez tout haut la première fois! 

Quand on était seuls raconte l’histoire d’une enfant autochtone d’aujourd’hui qui rend visite à sa kókom, sa grand-mère. Elle lui pose des questions sur la façon dont elle vit, dont elle est habillée, pourquoi elle parle le cri, etc. Chaque fois, la grand-maman lui explique que ce sont des privilèges qu’elle avait perdus à l’école, où « ils » voulaient que tous les jeunes soient pareils. Elle lui raconte aussi comment ils arrivaient à tromper un peu les règles quand ils se retrouvaient seuls, sans les adultes. On sent que, maintenant, tous ces symboles sont encore plus importants pour elle, car ils lui permettent de se réapproprier son identité. C'est écrit de façon légère, mais hypertouchante.


Illustration tirée du livre Quand on était seuls, par Julie Flett
Crédit : Julie Flett

Le livre de David A. Robertson, illustré par Julie Flett, vient de sortir en version française aux Éditions des Plaines. La version originale en anglais a gagné le Prix littéraire du Gouverneur général 2017, en plus d’être finaliste pour le prix TD. Il y a aussi des compléments qu'on peut trouver sur Internet, comme cette vidéo où l'auteur explique comment prononcer les mots cris qu'on voit dans le livre. 

Évidemment, les jeunes ne saisiront pas tout des enjeux autochtones, ni même des pensionnats, avec la seule lecture de ce livre. Par contre, il est un bon point de départ pour avoir des discussions avec eux sur ces sujets. Et quand ils seront assez grands pour en entendre plus, ils auront déjà une ouverture essentielle vers ces communautés qu'on a trop souvent méprisées.