Je n’aimerai jamais mon deuxième autant que mon premier.

Je sais que c’est atroce à dire, mais à 4 semaines et des poussières d’accoucher, c’est une pensée qui me tourmente.

Aimer comme ça deux fois, me semble que ça se peut pas.

Aimer tellement que ça fait mal.

Aimer tellement que même quand je le fais garder pour prendre soin de moi, je me retrouve rapidement à m’ennuyer de lui et à regarder en cachette des vidéos de lui sur mon téléphone.

Aimer tellement que je l’embrasse mille fois par jour, presque à en avoir de la corne sur les lèvres.

Aimer tellement que chaque nouvel apprentissage me donne l’impression d’observer la 8e merveille du monde.

Aimer plus que tout, plus que tout le monde.

La deuxième grossesse passe tellement plus dans le beurre que la première. Souvent, je ne savais pas trop à quelle semaine j’étais rendue. Encore moins à quel fruit sa taille correspondait. Et encore moins quel organe se développait à ce moment-là…Pourtant, la première fois, je savais tout ça. Je pense tellement moins souvent au bébé à venir.

Je sais que c’est normal dans un sens, que ma vie est complètement différente maintenant, que j’ai un deux ans à gérer alors que je n’avais que ma bedaine à gérer la première fois.

Ça me donne quand même la chienne. La chienne de ne pas avoir le même coup de foudre. La chienne de ne pas avoir la même énergie. La chienne de ne pas réussir à lui offrir à lui aussi une bulle juste à nous. La chienne d’être déchirée en deux et d’être juste deux fois moins bonne avec deux enfants. La chienne de délaisser mon plus vieux et d’en vouloir au plus jeune. La chienne pas super rationnelle que l’amour se divise au lieu de se multiplier.

Tout le monde me dit que c’est normal. Que je ne suis pas seule. Que la plupart des mères pensent ça, puis réalisent qu’elles se trompaient.

Mais si c’était juste un immense tabou et que dans le fond, l’aîné sera toujours le préféré?

La réponse dans 4 semaines et des poussières